Tartiflette

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Tartiflette
Image illustrative de l’article Tartiflette
Caquelon savoyard de tartiflette

Lieu d’origine Drapeau de la Savoie (Région historique) Savoie (Drapeau de la France France)
Créateur Syndicat interprofessionnel du Reblochon (contesté)
Date Années 1980
Place dans le service Plat principal
Température de service Chaud
Ingrédients Pomme de terre, oignons, lardons, reblochon
Mets similaires Gratin, gratin savoyard, péla, gratin dauphinois, truffade
Accompagnement Vins du vignoble de Savoie
Classification Cuisine savoyarde, cuisine française

La tartiflette (dérivé de tartifle ou tartiflâ, pomme de terre en savoyard) est une recette de cuisine à base de gratin de pommes de terre, d'oignons, de lardons et de crème fraîche, le tout gratiné au reblochon (fromage AOP des pays de Savoie).

D'origine récente (le plat a été inventé dans les années 1980), la recette est devenue l'un des emblèmes de la cuisine française, y compris à l'étranger. La « tartiflette au reblochon ou reblochon de Savoie » obtient un Label rouge le  : pour être certifié Label rouge, l'AOP Reblochon de Savoie doit être le seul fromage du plat et constituer au minimum 20 % de la recette[1]. De plus, le produit doit être gratiné au four traditionnel.

Préparation[modifier | modifier le code]

Pour préparer une tartiflette, les pommes de terre sont cuites directement sans cuisson préalable ou précuites (à l'eau, à la vapeur ou, de préférence, à la poêle) et épluchées. Séparément, on fait revenir des oignons et des lardons. On coupe ensuite des reblochons en deux par la tranche et on les dispose croûte vers le bas ou croûte vers le haut (selon les écoles) sur le dessus du plat. Le plat peut être agrémenté d'un peu de vin blanc sec du vignoble de Savoie (Apremont (AOC), Chignin (AOC), Savoie (AOC)[2]…). Le vin peut servir pour déglacer les oignons, ou autres variantes possibles. Prendre un reblochon bien fait et placer le plat au four jusqu'à ce que le reblochon soit fondu et que sa croûte soit grillée.

La tartiflette peut se déguster avec un vin du vignoble de Savoie (vin blanc, Chignin-bergeron ou d'un vin rouge fruité, par exemple…).

Histoire[modifier | modifier le code]

Le record du monde de la plus grande tartiflette le à Grenoble en France.

Cette recette moderne est inspirée de la péla (plat traditionnel savoyard à base de gratin de pommes de terre, oignons et fromage fait dans une poêle à manche très long appelée péla (pelle)) en savoyard, dialecte arpitan[3]. La tartiflette s'en différencie essentiellement par le mode de cuisson et par l'ajout de vin blanc. Le nom « tartiflette », d'invention récente, dérive du nom de la pomme de terre en savoyard, tartifla, terme qu'on trouve aussi en provençal tartifle[4].

Selon le Dictionnaire amoureux de la gastronomie de Christian Millau, la recette de la tartiflette aurait été inventée dans les années 1980 par le Syndicat interprofessionnel du reblochon pour favoriser les ventes du reblochon[5]. Cette idée est démentie en 2014 par la directrice du même syndicat[6],[1]. Selon le syndicat interprofessionnel du reblochon, la recette de la tartiflette aurait été mise au point, à la suite d'une nouvelle crise de surproduction, par un « restaurateur de La Clusaz, [qui] pour se démarquer de ses concurrents, rebaptisa la péla, tartiflette »[6], dans les années 1970[réf. nécessaire].

Depuis les années 1980, la recette est devenue l'un des emblèmes de la cuisine française, y compris à l'étranger[7].

Les Savoyards n'ont entendu parler de la tartiflette que lorsqu'elle est arrivée sur les menus des restaurants dans les stations de sports d'hiver, véhiculant une image de convivialité, d'authenticité et de terroir de la montagne. Aujourd'hui, les Savoyards se la sont appropriée et ont multiplié les variantes[réf. nécessaire].

La tartiflette est également un plat de la cuisine valdôtaine, diffusée dans la haute Vallée d'Aoste, notamment à Arvier, également sous le nom de trifolette, dérivé des deux mots qui indiquent la pomme de terre dans le patois francoprovençal valdôtain, tartifla et trifolla[8].

La « tartiflette au reblochon ou reblochon de Savoie » obtient un Label rouge le  : pour être certifié Label rouge, l'AOP Reblochon de Savoie doit être le seul fromage du plat et constituer au minimum 20 % de la recette[1]. De plus, le produit doit être gratiné au four traditionnel.

Le record du monde de la plus grande tartiflette est battu le à Grenoble : pesant une tonne, elle a nécessité l'utilisation de 850 kilogrammes de pommes de terre, 220 reblochons, 350 litres de crème, 75 kilogrammes de lardons et 50 kilogrammes d'oignons préparés durant h ; le record est homologué par le Livre Guinness des records[9],[10].

Variantes locales[modifier | modifier le code]

De nombreuses variantes de création très récente (années 1980 à 2000) surfent sur la popularité de la tartiflette. Leurs noms sont des mots-valises destinés à rappeler la tartiflette ; pour les personnes parlant l'arpitan, ils sonnent faux, n'ont aucune base linguistique locale et semblent plutôt des appellations commerciales touristiques pour « sonner terroir ».

Croziflette[modifier | modifier le code]

Plat de croziflette.

La croziflette est un plat inspiré du gratin de crozets, originaire de la Savoie en France.

La croziflette reprend les codes d'une tartiflette traditionnelle mais en remplaçant la pomme de terre par des crozets (pâtes savoyardes à base de sarrasin et coupées en petits carrés). Elle se prépare avec du reblochon, parfois des oignons, du jambon cru de Savoie ou des lardons.

Morbiflette[modifier | modifier le code]

La morbiflette est une recette de la cuisine franc-comtoise à base de gratin de pomme de terre et de morbier, fromage bénéficiant d'une appellation d'origine protégée (AOP) dans les départements du Doubs, du Jura et de l'Ain[11].

Le mot « morbiflette » est un mot-valise composé à partir des mots tartiflette et morbier[12]. Ce gratin est cuisiné au four, avec du vin blanc du Jura, des lardons (ou saucisse de Montbéliard ou saucisse de Morteau), des oignons et de la crème fraîche. Il peut se consommer accompagné de salade verte et de charcuterie.

Tartifourme[modifier | modifier le code]

La tartifourme (appelée aussi fourmiflette[13]), dans le Forez (Massif central), est une variante utilisant la fourme de Montbrison comme fromage, sans nécessité d'utiliser de vin[14].

Ch'tiflette[modifier | modifier le code]

La ch'tiflette de la cuisine ch'ti est une variante de la tartiflette à base de maroilles à la place du reblochon et de bière blonde à la place du vin blanc.

Tartiflette au fromage de Herve[modifier | modifier le code]

La « tartiflette au fromage de Herve »[15] est une spécialité culinaire belge de la région de Liège. Selon la tradition et le folklore[réf. nécessaire] on la mange au marché de Noël et aux grandes fêtes du de la République libre d'Outremeuse. Comme toutes les recettes régionales, il en existe à peu près autant de recettes que de personnes qui la font, chacune y mettant sa petite « touche » personnelle. Les ingrédients sont des pommes de terre, du fromage de Herve affiné au peket ou au vin blanc, des lardons et des oignons.

Variantes internationales[modifier | modifier le code]

Les géographes Serge Bourgeat et Catherine Bras ont identifié des variantes de la tartiflette en Grèce, au Japon (au chou-fleur), au Maroc (en version halal), au Pérou, en Russie, au Sénégal et au Vietnam[7].

Au Québec, une variante de tartiflette, nommée la Poutiflette, est une déclinaison à inspiration de poutine québécoise ; elle se prépare avec un gratin de fromage en grains local.[réf. nécessaire]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Histoire et origine de la tartiflette », sur Reblochon.fr (consulté le ).
  2. « Les Carnets de Julie - La tartiflette », sur France3 (consulté le ).
  3. Jean-Marie Jeudy, Les mots pour dire la Savoie : et demain, j'aurai autre chose à vous raconter, Montmélian, La Fontaine de Siloé, (réimpr. 2006) (1re éd. 2004), 540 p. (ISBN 978-2-84206-315-3, lire en ligne), p. 492-493.
  4. Pierre Nobel, Variations linguistiques : Koinè, dialectes, français régionaux, Presses Universitaires de Franche-Comté, , 192 p. (ISBN 978-2-84867-041-6, lire en ligne), p. 132-134.
  5. Christian Millau, Dictionnaire amoureux de la gastronomie, Paris, Plon, coll. « Dictionnaire amoureux », , 771 p. (ISBN 978-2-259-20698-3, ISSN 1634-9377, OCLC 470967472, BNF 41355951, SUDOC 131986651).
  6. a et b « La vraie recette de la tartiflette (qui n'est pas une invention marketing) », sur Slate (consulté le ).
  7. a et b Serge Bourgeat et Catherine Bras, « Entre ancrage local, mondialisation culturelle et patrimonialisation… Une géographie de la tartiflette », sur Géoconfluences, .
  8. www.patoisvda.org
  9. « Une tartiflette d’une tonne a été cuisinée à Grenoble, record du monde battu », Ouest-France,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Le record du monde de la plus grande tartiflette a été battu à Grenoble », LyonMag,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Fiche du Morbier sur le site de l'INAO.
  12. Variations linguistiques: Koinè, dialectes, français régionaux, Pierre Nobel, Catherine Dobias-Lalou, Presses Univ. Franche-Comté, 2003.
  13. Les pompiers cuisineront une fourmiflette, Le Progrès, 4 octobre 2018
  14. La tartifourme, spécialité du Foreztival, le Progrès, 18 août 2014
  15. La recette sur le site de la RTBF

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]