Le secteur du gaz, en pleine expansion au Mali, reste confronté aux vols et trafics illicites en tout genre.
Les opérateurs gaziers de notre pays sont confrontés à un nouveau phénomène : le vol des bouteilles vides de gaz. Oudiari Diawara, gérant de Sodigaz et président de l’Association des opérateurs gaziers, a voulu rompre le silence à la faveur d’un point de presse le vendredi 21 mai 2010.
Les plaintes pour vols de bonbonne de gaz sont monnaies courantes dans les commissariats. Elles émanent des sociétés d’emplissage de gaz aussi bien que des revendeurs agréés. La plupart des vols se fait avec effraction avec des cas de braquage de dépôts, de casses des casiers de bouteilles de gaz…
Aux dires de M. Diawara, le 8 mars 2010, un de ses livreurs s’est taillé dans la nature avec 18 000 bouteilles estimées à 18 millions de F CFA, appartenant à plusieurs de ses revendeurs. L’affaire portée devant le tribunal de la Commune V s’est terminée en queue-de-poisson.
Le présumé voleur appréhendé, a juste été condamné à rembourser le prix des bouteilles sur un échéancier. Le procureur a rejeté la demande de restitution des bouteilles faite par Sodigaz. Le 12 mars 2010, d’autres vols ont été signalés au 6e arrondissement en Commune I et 35 autres bouteilles déclarées au 3e arrondissement.
De 2008 à nos jours, des revendeurs de gaz non agréés ont été pris la main dans le sac dans plusieurs quartiers de Bamako et au marché Dibida. Ils ont fait l’objet de procès verbaux d’huissiers suivis de plainte. Ce qui montre la persistance de la spéculation de ce produit inflammable.
» Les bouteilles vides dont les prix sont estimés entre 10 500 à 12 500 F CFA font l’objet de trafic en direction de la Guinée-Conakry et du Burkina Faso », accuse Oudiari Diawara. D’autres bonbonnes sont bradées au marché Dibida où des commerçants véreux font des transvasements de gaz avec le danger d’explosion que cela comporte et surtout le vol sur la quantité de gaz transvasée.
Filières guinéenne et bukinabé
Aux dires de M. Diawara, « l’exportation de bouteilles vides sont totalement interdites au Sénégal et au Burkina Faso dont on ne retrouve aucune bonbonne sur le marché malien ». Un arrêté interministériel en date du 25 septembre 2008 a été pris au Mali pour circonscrire le mal.
L’alerte donnée aux différents commissariats de la capitale n’a pas eu non plus d’impact. Selon Oudiari Diawara, « la police n’est généralement intervenue que dans des cas d’accidents mortels liés au transvasement de gaz butane ». Le vol des bouteilles a complètement provoqué la pénurie de gaz dans certains quartiers comme à Kalabancoura.
L’utilisation du gaz butane a été vulgarisée dans notre pays et l’ensemble des Etats membres du CILSS en 1984 avec l’appui de la Communauté économique européenne (CEE). L’Amader a pris le relais pour doter les ménages maliens de réchaud à gaz.
La substitution du combustible à l’énergie ligneuse comme le bois et le charbon de bois, vise la protection de l’environnement en luttant contre la déforestation. Le constat aujourd’hui est que la consommation de gaz dans notre pays est passée de 220 tonnes en 1984 à 9400 tonnes en 2009.
Ce bond considérable constaté en 6 ans, dans le changement des mentalités au Mali pour l’utilisation de gaz au profit du bois n’aurait été possible sans l’effort de l’Etat à subventionner ce combustible. Le gaz de 3 à 6 kg aussi bien que tout le matériel entrant dans sa production sont subventionnés par l’Etat à 60 %.
Le marché de gaz malien est partagé entre les privés Sodigaz, Coumbagaz, Sigaz et Fasogaz. Celles-ci ont réalisé en six ans, 29 000 tonnes contre 27 881 tonnes pour les majors (multinationales) en 20 ans. Total est la seule multinationale encore présente dans le secteur.
Abdrahamane Dicko