Rue des mûriers

Mes Grands-parents
2007, toujours en cours

Impulsée par une brutale et soudaine conscience d′une disparition imminente, cette longue série se déroule comme une prose qui refuse de s′essouffler, terrifiée du point final qui la sabrera et fera douter même de son existence... C′est une course contre la montre que d′enregistrer compulsivement, de chercher à ralentir, à retentir la vie, le maximum de choses, jusqu′aux détails les plus infimes, de savoir que seul l′espace notre mémoire, elle-même vouée à sa fin, reste subjectivement et de façon parcellaire imprégné de ce qui a été pleinement...
La mort me renvoie à cette impossibilité criante, hurlante même, que la photographie (entre autre) ne peut même dans la latence de son mutisme révéler, préciser, embrasser ... Il y a quelque chose de toujours désespérée en elle...
Comme si, définitivement, aucune chose n'était saisissable d′un seul trait, exprimable d′un seul mot, d′un seul fragment, et pourtant toujours délié, insulaire...

* 2010
Certains mots sont anciens, m’ont été confiés, je suis née avec. Ils font partis de mes muscles, ceux-là même qui me permettent de marcher. Mes grands-parents m’aident à marcher tous les jours, à marcher en vie loin d‘eux. Il n’y a ni début ni fin, là n’est pas la force. C’est ce qu’il y a tout autour, sans cesse entre les choses entre les mots, ces espaces aussi vides que pleins qui relient. L’ inconscience nous permet de sauter et j’ai tant sautillé devant eux à chaque découverte lovée dans leurs mains. Une heure vient où l’éclat de conscience tonne lorsque l’os se brise, là seulement commence la marche. Une marche terrifiante et fabuleuse à la fois. Le monde se tord et se dore, il s’approfondit à nos yeux, se ramifie étrangement, épaissit ses mémoires, nous agenouille devant un rien, un rien moiré, un rien pépite. Lorsqu’on se relève, on est parent. Le goût du sel conserve notre langue. Mais on ne sait toujours rien. On sait juste que cela brille.


* 2013
      ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers ruedesmuriers retour