Pouet
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La fée de la Lienne et la Chèvre d'Or
Au Moyen-Age, de modestes seigneurs habitaient la vallée de la Lienne, dans une ferme-château à demi en ruine. Le baron Rambert, plus ménestrel que guerrier, aimait mieux rêver dans les clairières sauvages que courir les tournois.
Un matin, il épargna une biche qui le regardait avec les plus beaux yeux du monde et s'endormit au pied d'un hêtre.
Quand il se réveilla, une toute jeune fille aux cheveux blonds le regardait. Elle était vêtue de voiles légers. A ses côtés, une petite chèvre aux poils dorés.

- "Quel est ton nom, belle enfant ?" demanda Rambert, ébloui.
- "Appelle-moi Lienne", dit-elle.
- "Lienne, je ne veux plus te quitter, épouse-moi."
- "Je n'aurais pas dû t'apparaître. Je t'ai trouvé différent des autres hommes et je n'ai pas pu résister à prendre forme humaine. Je suis la fée de cette rivière. Je ne peux vivre avec toi que pendant cinq ans.
- "Lienne, cinq ans, c'est un trésor."

Les deux jeunes gens se marièrent. Appelés par la fée, des nutons leur bâtirent un château sur le rocher de Grimbiémont. Le couple n'avait nul souci d'argent. Il leur suffisait de tondre la chèvre aux poils d'or pour payer serviteurs, vêtements et nourriture. La toison repoussait aussitôt.
Le couple vécut bien et surtout, vint en aide aux veuves, aux orphelins, aux malades et aux vieillards.
Lienne souffrait du passage du temps, Rambert n'y pensait pas...

Au cinquième été, la fée dit à Rambert :
- "Mon amour, je dois te quitter. Mais je resterai, invisible, au bord de la rivière."
- "Ce n'est pas possible ! Tu as mal compté les années. Notre bonheur n'a pas cinq ans. Reste ! Que ferai-je sans toi ?"
- "Sois heureux, toi qui peux continuer à vivre sur terre. Je te laisse en souvenir la chèvre d'or. Je ne t'oublierai jamais."
Sur ces mots, Lienne se transforma doucement en une buée de la couleur de sa robe.

Pendant des semaines, Rambert ne se lassa pas de parcourir la vallée à la recherche d'un reflet de son amour. Avec l'or de la toison de la petite chèvre, qu'il confia à un pieux ermite de la région, il paya les cuirasses et les chevaux d'une troupe d'hommes de la région, et ils partirent ensemble à la Croisade. Rambert et ses compagnons s'y couvrirent de gloire. Son armure, portant son écusson frappé de la chèvre d'or, le protégeait au milieu des mêlées les plus folles où le jetait sa témérité.
A son retour, Rambert ne voulut plus habiter Grimbiémont. Il se bâtit un autre château, celui de Grimbiéville et épousa la fille d'un seigneur voisin. Malgré le souvenir obsédant de Lienne, il fut un bon époux et sa lignée dura plusieurs siècles. On s'y transmit la chèvre d'or qui vécut longtemps, amusant les enfants. Au «siècle de malheur», lors des guerres menées par Louis XIV dans nos régions, la peste suivit les ravages des combats. Le seigneur de Grimbiéville, lointain descendant de Rambert, mourut le même jour que ses trois fils. Le lignage était éteint.
La nuit même, un terrible orage éclata. La foudre frappa le château, qui flamba sans que personne n'ait la force d'aller combattre feu. Dans les flammes, les villageois virent s'élever vers le ciel une silhouette bien reconnaissable : la petite chèvre d'or, dont les bienfaits n'étaient promis qu'à la descendance de Rambert.

Quant à la fée nommée Lienne, a-t-elle tout à fait déserté les lieux de son amour ? Allez rôder près de la rivière, le matin, au moment où le soleil perce la brume. Si vous êtes attentifs à ce que vous voyez, et à ce que vous devinez au-delà, vous répondrez : « Elle n'a pas disparu... »
Texte : inspiré des Légendes d'Ourthe-Amblève et des environs, Frédéric Kiesel

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