Les souliers rouges – Conte d’Andersen


les souliers rouges
les souliers rouges

Andersen est né dans le quart monde, dans une rue des bas quartiers. Attiré par le théâtre et la littérature, il connaîtra le succès et sera invité à la cour des grands de ce monde. Cependant il se sentira rejeté par les deux milieux, tel le vilain petit canard. Il n’appartient plus au milieu misérable qui l’a vu naître mais n’est pas non plus accepté dans la haute société autrement que comme convive : il ne peut pas se marier par exemple.

Comme dans les contes de Grimm ou de Perrault, la chaussure, contenant très personnel, symbolise le sexe féminin et la couleur rouge l’entrée dans l’adolescence avec les premières règles.

Ce stade se caractérise pour la jeune Karen par une terrible difficulté à s’intégrer dans la société alors même que son action: la danse, marque habituellement la bonne connaissance des codes sociaux et culturels d’un groupe.

 La figure maternelle de la mère nourricière, à l’époque des pieds nus, s’efface et meurt au moment de l’adolescence. Karen portera pour la première fois des chaussures le jour de son enterrement. Cette figure de la transmission de la féminité à travers les âges est très positive.

La mère est d’abord remplacée par une vieille «bottière» aimante mais qui, comme une bonne fée qui n’y verrait plus très bien, lui donne avec tout son amour une paire de chaussures gauchement fabriquées. Le symbole est clair: l’adolescente se sent mal à l’aise avec sa nouvelle féminité.

 Les chaussures sont en tissu rouge, donc doublement inadaptées pour un deuil et pour marcher. Karen craint beaucoup le regard des autres.

Une troisième période s’ouvre pour la jeune fille après l’enfance et l’entrée dans la puberté, c’est l’entrée dans l’adolescence. Elle va gravir un niveau social en étant recueillie par la vieille dame riche, apprendre qu’elle est belle. Cette vieille dame qui l’adopte marque aussi l’éloignement affectif de la figure maternelle : la mère ne reconnaît plus son enfant dans ce nouvel adulte et la jeune fille ne reconnaît plus la jeune et jolie maman qu’elle adorait pendant ses jeunes années.

Il faudra là encore faire le deuil de ce qui précède: les premiers souliers rouges seront brûlés et remplacés par une très belle paire en cuir vernis rouge. La jeune fille vit le déchirement de quitter son enfance mais s’aperçoit que ce nouveau stade est plus enrichissant. Cette richesse n’est pas à prendre au sens propre de richesse financière.

 Cette nouvelle paire de chaussures s’acquiert sur une tromperie: la vieille dame ne voit pas bien et ne sait pas qu’elles sont rouges. L’héroïne désobéit, enfreint les règles, comme tout adolescent en crise mais c‘est pour être en accord avec sa propre personnalité.

 Elle va devoir assumer ce qui lui arrive. Sa vanité l’entraîne plus loin qu’elle ne voudrait puisqu’elle ne peut s’arrêter de danser. Perdant toute confiance en elle, elle n’ose plus se montrer en société (à la messe). Cependant, un ange enlève le mur qui la séparait des autres et elle est très bien accueillie par le groupe, à son grand étonnement.

10 réflexions sur « Les souliers rouges – Conte d’Andersen »

  1. Bonjour,
    Je viens de découvrir ce blog via cette page. Je sais que les messages/demandes à propos d’une « bonne traduction » de ce conte datent de 2012, mais voici ce que j’ai trouvé :
    http://www.ebooks-bnr.com/wp-content/uploads/andersen_souliers_rouges_1.htm

    Avertissement des traducteur (originaux – 1880) :
    […] Andersen avait eu la bonté de nous témoigner vivement son approbation de nos traductions ; il nous avait encouragés dans les termes les plus chaleureux à continuer de faire connaître son œuvre à cette France pour laquelle il exprimait une profonde affection. Nous exauçons ses vœux en complétant aujourd’hui notre travail, en même temps que nous sommes sûrs de répondre aux désirs d’un grand nombre de littérateurs et de lecteurs français.

    Bien à vous,

  2. Hans Christian Andersen avait une demi-sœur aînée qui fut élevée par sa grand-mère maternelle qu’il connut à 37 ans en 1842 et qu’il exclut de son autobiographie. Il en parle en permanence dans ses contes, telle celui de la petite fille aux allumettes qui ne peut se réchauffer auprès d’allumettes qui représentent sa mère et qui veut rejoindre « sa vieille grand’mère, qui seule avait été bonne pour elle, mais qui n’était plus ». Quand elle dit : « Grand’mère, emmène-moi » elle veut mourir la rejoindre. Hans Andersen la refuse consciemment et en parle inconsciemment. Il a même écrit un poème « les souliers rouges » la même année en 1845, dans lequel l’héroïne, Karen, meurt à la fin.

  3. bonjour
    avez vous une traduction interessante du texte original?

    merci je voudrais travailler sur ce conte mais n’en trouve pas facilement le texte

    merci cordialement Martine

    1. mon objectif n’est pas de résumer, au contraire, il est de donner envie de lire le texte en entier tout en donnant quelques explications susceptibles de mieux le faire comprendre. Merci pour votre visite.

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