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Marche ou crève, par Patricia Mazuy

Dans sa chronique du cahier « Sport & Forme », la réalisatrice compare la foulée des marcheurs à celles de scènes fameuses au cinéma.

Le Monde Sport et Forme

Publié le 31 mars 2015 à 20h10, modifié le 19 août 2019 à 12h57

Temps de Lecture 3 min.

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Yohann Diniz aux championnats d'Europe de Zurich en août 2014.

Le critique de cinéma Serge Daney se posait souvent la question de savoir si le cinéma était un art. On répond « oui, peut-être », comme on peut dire que la marche sportive « oui, peut-être » est un sport.Tout dépend de l’implication de celui ou celle qui le ou la pratique, et aussi de l’histoire déroulée pour le spectateur ou celui qui la vit.

L’autre jour, j’ai vu des images de la grande marche de Tunis : Hollande, Mahmoud ­Abbas, Matteo Renzi et Ali Bongo accompagnés d’autres chefs d’Etat. Un air de déjà-vu. Emotion au rendez-vous, mais émotion ­générée par la cause, et pas par l’image. C’est parce que cette marche est une réaction à l’attentat du Musée du Bardo que l’on se sent impliqué. L’image en tant que telle ne m’a pas impressionnée plus que ça, si on regarde le plan. C’est une image collective, mais assez molle. Il manque encore de l’entraînement, peut-être. Mais il se peut que ce soit juste une question de cinéma. Peut-être qu’une « image » de marche au cinéma ne fabrique pas un plan, juste une image (ce qui est déjà pas mal). Ça questionne, en tout cas. Revenons-en aux basiques. Un plan fonctionne parce qu’il y a eu un avant et parce qu’il y aura un après.

Expectative émotionnelle

J’ai vu Selma, tout aussi éducatif et émouvant que la marche de Tunis. Mais là, la marche filmée dans Selma n’est pas une réaction, mais une action avec des objectifs et des obstacles très concrets, et à laquelle on s’identifie sans mal. L’action décrite par la marche collective de Martin Luther King n’est pas de marcher, c’est de prouver que le shérif de Selma est un con raciste en anticipant sa réaction de violence pour sensibiliser l’opinion à travers les médias. Du coup, on s’intéresse au mouvement des pieds. Ava DuVernay, la réalisatrice, a circonscrit l’action sur le pont de la sortie de la ville, ce qui permet au spectateur d’être saisi par le cadre où tous les personnages sont réunis comme un seul homme. Donc ça marche.

Si on se dit que ces moments de collectif sont malheureusement en passe de se généraliser, ne faudrait-il pas commencer à préciser le sport pratiqué ? Que dit le manuel du parfait marcheur ? « Un pied doit toujours être en contact avec le sol » : cela veut sûrement dire qu’on doit toujours être dans le réel. « La fin de propulsion d’un pied doit correspondre au contact de l’autre avec le sol» : on doit être coordonné, ne pas faire les choses dans le désordre, on doit penser. « Dès la phase d’atterrissage, le pied doit dérouler sa surface avec le plus de souplesse possible, et il ne faut pas percuter le talon mais plutôt le caresser sans bruit » : nazis ou extrémistes de tout poil s’abstenir.

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