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«Ouvrir la porte de la dignité»
Mustapha Nedjaï . artiste-plasticien
Publié dans El Watan le 04 - 04 - 2015

Votre pratique créative met en évidence une variété de manières d'expérimenter l'art. Quelle est donc votre vision de l'art ?
L'œuvre d'un artiste est une somme d'expériences au cours de laquelle son concepteur cherche à découvrir et à se découvrir, se surpasser, à transcender les barrières de l'établi, à être face à soi-même et à l'univers qui l'entoure.
Je conçois l'art comme un acte éminemment politique bien qu'une œuvre d'art n'ait rien de commun avec un manifeste politique, de même qu'un artiste ne peut pas être réduit à un «activiste» ordinaire. Réduire l'art au «beau» nous éloigne de l'essentiel du vivant.
La tyrannie du goût pour le goût et le beau sans aucune utilité m'angoisse terriblement. L'art doit faire avancer la pensée. Sa fonction est d'améliorer et de faire évoluer notre vision sur le monde dans le but de libérer l'Homme de sa captivité existentielle. Son rôle est de lui ouvrir la porte de la dignité en l'associant au déploiement des énergies libératrices.
La dimension pléthorique de votre œuvre s'illustre à travers une variété de techniques, de matières, de supports et de modes d'expression. Est-ce une invitation à porter un regard nouveau, raisonné, voire transgressif sur l'art ?
Notre époque offre aux artistes une variété de possibilités, de moyens et de supports technologiques. La transdisciplinarité et la démarche de recherche relative aux transversalités de l'art afin d'exprimer l'essence de l'être humain sont très fréquentes chez les artistes. Mais il ne faut pas confondre médium et création. C'est l'idée et le concept qui donnent vie au médium.
L'art est l'une des meilleures représentations de l'humain, voire la meilleure. J'ai refusé le spectaculaire et «le vide de sens» alors que j'ai toujours cherché à transgresser la norme. Le «nouveau» est le moteur de toute discipline.
Chercher «le «nouveau», c'est vaincre les idées d'un autre âge ; c'est mettre en lumière ce qu'il y a de meilleur chez l'Homme. L'artiste authentique n'est pas celui qui se positionne comme un héritier ou un opposant. C'est celui qui obéit à ses besoins. J'essaye donc d'avancer chaque jour, à petits pas, et parfois, à grands pas.
Peut-on vous considérer comme une artiste «éthique» et avant-gardiste ?
J'ai toujours eu le souci de me démarquer et de me définir autrement dans un pays où la tradition des arts plastiques est très récente. Face à un environnement culturel pauvre et non stimulant, je n'avais pas d'autre choix que de naviguer en solitaire. J'avais, cependant, une idée de mon orientation artistique. J'étais très exigeant. Je peux affirmer en toute humilité que j'ai contribué à l'histoire récente de l'art en Algérie. Le terme «avant-garde» me sied parfaitement. Mais le mot «contemporain» devient, de nos jours, un fourre-tout. Il est prisonnier d'un phénomène de mode qui favorise et encourage le culte du «nouveau à tout prix».
Dans ce type de configuration, l'œuvre d'art est assimilée à un produit financier car le monde des finances exerce un diktat sur l'art et les artistes. Je suis convaincu qu'un monde sans valeurs humaines est un enfer. Les valeurs, la morale, l'éthique, la déontologie sont des éléments importants et indispensables au vivre-ensemble. Je suis donc un artiste éthique. Je n'ai pas peur des mots. Je suis contre le crime et je suis contre Charlie.
Je déteste le discours à sens unique. Je n'aime pas le parti unique. Et, concernant l'art contemporain, j'adhère à la conception de Ben Vautier qui affirme : «Je suis contre l'art contemporain quand il se réduit aux produits d'un club de quatre ou cinq cultures dominantes éliminant de la contemporanéité les 4000 autres cultures qui habitent le monde.
Il n'y a pas de peuple sans sa langue, pas de langue sans culture, pas de culture sans son avant-garde, c'est-à-dire son nouveau».
La figure humaine, l'un des éléments centraux de votre œuvre, y est représentée dans tous ses états, y compris dans son animalité primaire.
Comment expliquez-vous la prédominance de cette vision ?
Je ne pense pas avoir cette capacité de faire ressortir l'animalité primaire de l'Homme. La dimension destructive de l'homme contemporain dépasse l'entendement. Mon œuvre n'est pas violente. Nous vivons dans une période où les arts visuels sont devenus relativement pasteurisés. On favorise le spectaculaire et l'insignifiant au détriment de la transgression.
Les médias façonnent notre pensée et nous infligent une sorte d'aliénation mentale qui conditionne notre pensée. Le monde de l'art n'échappe pas à cette influence.
Malgré les couleurs vives, votre représentation picturale laisse, pourtant, transparaître la vision «violente» du monde actuel.
Comment cette perception véhiculée d'œuvre en œuvre s'est-elle «imposée» à vous ?
La violence est dans les rues d'Alger et partout dans tout le pays. Mais elle n'est pas dans mon œuvre. Quand on regarde une œuvre, on est devant le «beau». C'est d'abord un appel aux yeux… Quand on mêle l'intellect à cette vision, la forme de violence et de non-violence devient le sujet. Les gens voient de la violence dans l'art alors qu'ils vivent quotidiennement dans une violence sans commune mesure. Notre époque est marquée par une mentalité ambiante caractérisée par une imagination subjective, une analyse psychologique et une rhétorique ennuyeuse, tuant de fait la signification des mots. Cette pensée stérile et inadéquate s'avère incapable de donner l'expression aux expériences collectives de notre temps.
Le corps sociétal est malade parce que la tête délire. La maladie est due à une crise de valeurs, à une faillite de l'esprit. Cependant, nous tournons en rond parce qu'une fatalité hypocrite nous habite et nous ronge de l'intérieur. La culture de négation a engendré le déracinement, la frustration, la désolation et le déchirement de toute la société. La violence ne s'est pas imposée à moi. Elle m'habite. Je ne fais que réagir.
Vous êtes donc un artiste qui réagit aux événements de son temps en mettant l'accent sur les aspects «tragiques» du monde contemporain...
Je m'inscris dans le courant de «l'art contexte» (Art Context), conformément au credo «l'art c'est la vie». Sur le plan thématique, mes créations sont principalement des réactions spontanées aux événements que je vis quotidiennement. Cette réactivité est le biais par lequel je mets en perspective, d'un point de vue artistique, le caractère tragique des événements dont je suis témoin et qui s'imposent à moi.
C'est cette dimension tragique exprimée à travers mes créations artistiques qui donne plus de force à l'œuvre. Je dirai même que l'art joue le rôle d'une arme pacifique. C'est un geste conscient. Un geste contre l'indigeste. L'aspect tragique de l'Histoire a tendance à se mondialiser. Je ne me considère pas comme un artiste local. Je m'inscris plutôt dans une conception planétaire.
Quel est l'intérêt du traitement thématique par séries ?
Cette démarche qui remonte à 1982, lors de ma première exposition à Valence, alors que j'étais encore étudiant, m'a permis de parvenir à une forme de «transgression». Chaque thème a ses propres exigences et nécessite des connaissances approfondies. Le fonctionnement par séries thématiques favorise un processus de recherche et de conceptualisation spécifique à chaque sujet.
J'ai vite compris que l'audace réside dans l'exploration d'autres formes et d'une variété de sujets afin d'exploiter les éléments symboliques (signes et symboles, écriture plastique, médiums) qui confèrent un caractère particulier à chaque thématique. Cette méthode de travail est un moyen d'éviter la répétition monotone et de varier ma création.
Quel écho vos œuvres ont-elles en Algérie ?
Je n'ai pas d'idée précise. En Algérie, l'art et les goûts sont perturbés. Je dirai même que le mauvais goût a atteint des degrés déconcertants. Je peux cependant dire que je jouis d'une grande notoriété auprès de professionnels et d'amateurs d'art.


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