Hier, la Banque du Canada émettait son enquête trimestrielle sur les perspectives des entreprises au Canada. Avec la collaboration du personnel de ses bureaux régionaux, la Banque sélectionne une centaine d’entreprises au Canada qui reflètent la composition du produit intérieur brut national. Elle demande aux entreprises sélectionnées si leurs ventes au cours des douze derniers mois ont augmenté ou diminué, si elles comptent procéder à l’embauche de plus d’employés et si elles prévoient que leurs ventes augmenteront ou diminueront au cours des douze prochains mois.

Le déclin du prix du pétrole et la dévaluation du dollar qui s’ensuivit n’ont pas le même effet sur tous les secteurs ni sur toutes les régions.

Pour le secteur pétrolier et les provinces de Terre-Neuve et Labrador, de l’Alberta et de la Saskatchewan, c’est clair, la baisse rapide du prix du pétrole a eu l’effet immédiat de procéder à des mises à pied massives et à la suspension presque immédiate de projets d’investissements, dont plusieurs avaient été annoncés comme imminents. Les mêmes conséquences sont observées parmi les industries qui gravitent dans le sillage des entreprises pétrolières: perspectives négatives en termes de création d’emploi et d’investissements en immobilisations et en équipements.

Contrairement aux secteurs industriels canadiens qui exportent leur production, la faiblesse du dollar canadien ne constitue pas un avantage pour le secteur pétrolier, pour des raisons évidentes. Les coûts de production étant plus élevés que le prix du marché, seuls les importateurs de produits pétroliers canadiens y trouvent un avantage. Les producteurs canadiens compriment leur production de façon à limiter les dommages financiers durant la période où le prix du pétrole restera sous leur seuil de rentabilité, d’où les conséquences citées par l’enquête de la Banque du Canada.

Par contre, les perspectives de plusieurs secteurs manufacturiers canadiens tournent à l’optimisme. La faiblesse du dollar canadien et le raffermissement de l’économie américaine, leur principal marché, sont les éléments clés de cette perspective d’affaires positive.

Ce sont ces mêmes facteurs qui alimentent l’optimisme du gouvernement Gallant et d’observateurs du monde des affaires chez nous. Après avoir connu un taux de croissance inférieur à 0,5 %, le Nouveau-Brunswick devrait voir pour la prochaine année un taux de croissance de 1,8 %.

Le secteur forestier et l’industrie des pêches, entre autres, devraient bénéficier des retombées d’un dollar canadien dévalué. Les fruits de mer que nous produisons seront plus abordables pour le consommateur américain moyen, même si les pêcheurs et les usines devraient recevoir un prix supérieur dans une large mesure aux prix qu’ils ont obtenus depuis 2009, après la flambée des prix du pétrole que nous avons connue depuis ce temps.

Qui dit un raffermissement de l’économie américaine dit une reprise du secteur de la construction chez nos voisins du sud. Si cette reprise se concrétise, l’industrie forestière du Nouveau-Brunswick y trouvera son compte, elle qui a été la première frappée par la récession sérieuse qui a affecté l’économie américaine après les évènements de 2008. Si le secteur de la construction aux États-Unis a pris un certain temps à se relancer, c’est dû à l’incertitude qui planait sur la reprise de l’économie américaine: allait-elle durer, ou allait-elle s’avérer éphémère, comme plusieurs cycles embryonnaires de reprise économique de courte durée observés entre 2008 et 2014?

D’un autre côté, ces facteurs positifs pour l’économie du Nouveau-Brunswick seront mitigés par le fait que plusieurs de nos travailleurs émigrés vers les chantiers pétroliers de l’Ouest canadien devront peut-être attendre plus longtemps qu’ils ne l’avaient anticipé pour être rappelés au travail.

C’est sans doute ce qui expliquera que le gain net d’emplois au Nouveau-Brunswick ne sera pas aussi positif que nous serions en droit de nous attendre dans un contexte favorable à l’exportation de nos produits.

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