Pédagogie Montessori

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Matériel Montessori dans une classe 3–6 ans.
Matériel Montessori dans une classe 3–6 ans.

La pédagogie Montessori est une méthode d'éducation créée en 1907 par Maria Montessori. Sa pédagogie repose sur l'éducation sensorielle et kinesthésique de l'enfant.

Description[modifier | modifier le code]

La pédagogue italienne Maria Montessori étudie d'abord en médecine. Après l'obtention de son diplôme, elle est nommée assistante de clinique psychiatrique à Rome. Elle y entre pour la première fois en contact avec des enfants déficients. Grâce à cette expérience, Maria Montessori s'intéresse de près à l'éducation et développe sa méthode. En tant que pédagogue, elle étudie pendant 50 ans les enfants de milieux sociaux et culturels très défavorisés et en difficulté d'apprentissage[1].

Ce projet d'éducation nouvelle s'inscrit dans la promotion de la paix et du progrès ; il repose sur trois piliers : une posture particulière de l’éducateur, un environnement préparé et un matériel pédagogique spécifique[2].

Montessori a voulu élaborer une « pédagogie scientifique » s'appuyant sur une démarche expérimentale et des observations, dans le but d'obtenir l’épanouissement de l'enfant[3]. Elle envisage l'éducation de façon globale, en définissant 4 plans de développement différents, en fonction de l'âge de l'enfant, de la naissance jusqu'à ses 24 ans[4]. Ces quatre périodes successives dans la construction de l'enfant, forment un tout, et sont[4],[5] :

  • de 0 à 6 ans (petite enfance) : l’enfant veut apprendre à se débrouiller seul. C'est l'âge de la conscience du moi.
  • la période de 6 à 12 ans (enfance) : il devient curieux et imaginatif. C'est l'âge moral.
  • de 12 à 18 ans (adolescence) : l’enfant aspire à une vie active et associative. C'est l'âge social.
  • de 18 à 24 ans (âge de la maturité) : le jeune adulte devient mature mais a besoin d’être rassuré dans ses engagements. C'est l'âge politique.

Elle utilise du matériel repris notamment aux professeurs Jean Itard et Édouard Séguin, tout en l'adaptant aux périodes sensibles de l'enfant. C'est un matériel « très épuré, qui permet d’isoler les concepts (formes, couleurs, dimensions) et de vivre une expérience individuelle[6] ».

En France, si les écoles Montessori sont assez nombreuses concernant les classes primaires (plus de 200 maternelles et élémentaires[7]), on ne compte qu'une vingtaine de collèges[7] et 4 lycées[8]. Les enfants sont regroupés par classe d'âge (maternelle : 3–6 ans, élémentaire 6–9 ans et 9–12 ans, collège 12–15 ans et lycée 15–18 ans ) qui correspondent selon Montessori aux différentes « périodes sensibles » au cours desquelles l'enfant serait particulièrement réceptif à certains domaines (le langage, les mouvements, l'ordre, le comportement social, etc.). Les enfants apprennent à devenir autonomes et à s'organiser seuls[9].

Historique[modifier | modifier le code]

Matériel Montessori - perles pour le calcul.

Maria Montessori commence en 1890 à suivre des cours de sciences naturelles à l'Université de Rome[10]. À la fin de ses études, elle travaille dans la clinique psychiatrique de l'université de Rome ; en s'inspirant des travaux de ses prédécesseurs (notamment Jean Itard) elle commence à se forger des convictions. Elle ouvre sa première salle de classe dans un quartier pauvre de Rome en [9].

Montessori aujourd'hui[modifier | modifier le code]

En France[modifier | modifier le code]

En France, les plus anciennes écoles Montessori toujours en activité ont été créées à Roubaix en 1946 pour l'enseignement en langue française[11], et à Paris en 1972 pour l'enseignement bilingue français et anglais[12],[13].

En 2022, on compte près de 300 établissements dont 91 reconnus par l’Association Montessori de France (AMF) et 48 par l’Association Montessori Internationale[8]. La plupart sont des écoles « hors contrat »[6] ; 3 écoles sont sous contrat d'association avec l'État[14],[15],[16]. En 2015, l'association Public Montessori a été créée afin d’intégrer cette pédagogie au sein de l'Éducation nationale[17],[18]. L’essor de cette pédagogie conduit, en 2018, le premier réseau de crèches d’entreprises et de collectivités en France à racheter une école Montessori internationale pour développer son propre réseau d’écoles[19]. Il existe trois lycées[20] Montessori en France. Le premier se situe à Bailly (Yvelines)[21], le second à Savigny-le-Temple et le dernier à Saint-Ouen-sur-Seine.

Le 5 octobre 2023, l'ISMM (l’Institut supérieur Maria Montessori) est placé en redressement judiciaire. Le 22 février 2024, le groupe IGS annonce la reprise de l'institut[22].

Aux Etats-Unis[modifier | modifier le code]

La pédagogie Montessori est enseignée dans des centres de formation, dont certains bénéficient d'une accréditation des ministères de l'éducation du pays. MACTE[23] (Montessori Accreditation Council for Teacher Education), organisme qui bénéficie de la reconnaissance du gouvernement américain depuis 1995[24], organise une accréditation pour les centres de formations de plusieurs associations : American Montessori Society (AMS), Association Montessori International (AMI), Association Montessori International - USA (AMI-USA), Independents not in a Consortium (INC), International Association of Progressive Montessori (IAPM), International Montessori Council (IMC), Montessori Educational Programs International (MEPI), The Pan American Montessori Society (PAMS).

Il existerait environ 35 000 écoles Montessori dans le monde[6], dont quelques milliers aux États-Unis[9].

En Suisse[modifier | modifier le code]

En Suisse, on compte, en 2018, plus de 50 établissements Montessori

Études scientifiques sur la pédagogie Montessori[modifier | modifier le code]

Selon le sociologue Stanislas Morel, « Maria Montessori était une femme médecin, auteure d’un livre, Pédagogie scientifique, qui cherchait à établir une pédagogie expérimentale. Il y a un lien de parenté entre Montessori et les neurosciences. Il s’agit dans les deux cas d’expliquer à des enseignants dont la pédagogie est jugée intuitive, spontanéiste, ce que les sciences expérimentales ont à dire des apprentissages[25]. »

En 2005, Angeline Stoll Lillard, professeur de psychologie de l'université de Virginie, publie le livre « Montessori: The Science behind The Genius »[26] traduit en français en 2018 sous le nom de "Montessori : une révolution pédagogique soutenue par la science". Elle y décrit les huit fondements de la pédagogie[27].

Plusieurs travaux en neurosciences[28] se sont intéressés à l'efficacité pédagogique des écoles Montessori, et des recherches en sciences cognitives confortent les « intuitions » et observations de Maria Montessori concernant les enfants[29],[30]. Selon Stanislas Dehaene, une étude publiée dans Science en 2006 « a montré des bénéfices de cette pédagogie sur la lecture, le langage, les fonctions exécutives et la compréhension des autres ». Conduite aux États-Unis, cette étude tend à montrer que les élèves passés par cet enseignement obtiennent de meilleurs résultats lors d'évaluation de leurs capacités scolaires mais aussi sociales, et ce même si l'on contrôle pour les biais d'autosélection[31].

Devant le succès croissant de l'usage de la pédagogie Montessori dans la prise en charge de personnes âgées atteintes de démence, une étude scientifique a été menée en 2015 par des universités canadiennes pour déterminer l'impact des activités proposées par cette pédagogie sur cette population de personnes. La conclusion montre que la pédagogie a un impact significatif sur le comportement alimentaire des sujets. En revanche, elle a peu d'impact sur leurs résultats cognitifs. Enfin, les résultats sont mitigés en ce qui concerne l'implication responsable de la personne. Il en va de même pour l'aspect affectif[32].

Des études sont en cours pour étudier l'impact de la pédagogie Montessori sur des élèves francophones[33]. Le ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer s'est dit en 2017 favorable à « l'esprit Montessori » : « Je suis pour la créativité, la diversité des expériences. Je ne dis pas que Montessori doit être appliqué partout. D'ailleurs c'est plus l'esprit Montessori, qui doit être revisité, dans des modalités qui doivent évoluer. Au-delà du génie pédagogique qu'était Montessori, c'est sa démarche qui est importante[34]. »

Un examen[35] de 2017 analysant les études existantes sur l'éducation Montessori indique qu'il existe des preuves claires quant à l'efficacité de certaines méthodes issues de la pédagogie Montessori. C'est le cas de l'apprentissage précoce de la lecture via une approche phonétique intégrée dans un contexte linguistique riche. L'ensemble fournit une base sensorielle pour l'enseignement futur des mathématiques. Cependant, il s'avère que si certaines preuves existent de l'efficacité de la méthode originale, les chercheurs ne sont pas sûrs que ça soit le cas pour les adaptations modernes de la pédagogie.

En 2019, une recherche effectuée en Suisse[36] et portant sur les résultats de la pédagogie Montessori a été publiée dans une revue scientifique internationale. L’École Montessori Vevey a soutenu activement cette recherche : 201 enfants de 5-6 ans et 7-13 ans ont participé à cette recherche. Au total, 99 d’entre eux étaient scolarisés dans des écoles Montessori et 102 dans des écoles publiques traditionnelles. Les élèves provenaient de milieux socio-économiques similaires afin d’éviter un éventuel biais de recherche dû à leur milieu social ou familial. Les élèves Montessori avaient en moyenne de meilleures performances scolaires et créatives, mais les chercheurs ont été surpris de constater que ce contraste n'était pas lié à une différence du point de vue des fonctions exécutives (flexibilité mentale et capacité d'attention sélective), mais découlait bien des capacités créatives des étudiants. En conclusion, ils émettent l'hypothèse que c'est l'entrainement à agir de façon créative et autonome qui contribue à un développement global plus équilibré.  

Sur base de précédentes recherches mettant en exergue ce qui favorise le développement des compétences créatives des enfants dans le contexte scolaire, l'université de Kansas[37] a mené, en 2019, une étude sur le sujet qui concerne spécifiquement la pédagogie Montessori. L'outil utilisé est celui de la créativité potentielle. Ils ont observé, pendant une année scolaire, le travail de 77 élèves d'une école Montessori et l'ont comparé avec celui de 71 élèves d'une école traditionnelle. Les meilleurs résultats sont du côté de Montessori. Les chercheurs mettent en évidence deux facteurs importants qui les expliquent: les enfants y sont plus libres et ne sont pas confrontés à un environnement qui suscite leur motivation via la punition et la récompense. Les résultats mis en évidence sont à relativiser : le biais majeur de l'étude est celui de la sélection ; l'échantillon étudié est restreint ; l'outil d'évaluation ne prend pas en compte la créativité graphique ; la créativité est un sujet difficile à étudier et à mesurer.

Des scientifiques ont étudié le choix des enfants dans le cadre d'une pédagogie traditionnelle : préfèrent-ils davantage les activités réelles aux activités simulées et fictives? Il est constaté que les enfants préfèrent généralement les activités réelles parce qu'ils apprécient la réaliser et qu'ils choisissent les activités fictives secondairement : quand les réelles leur font peur, les mettent en face de leurs incapacités ou encore les confrontent à des interdits. En 2018, Angeline Stoll Lillard de l'université de Virginie a mené une étude[38] en ce sens dans le cadre Montessori. Elle constate que le choix des activités réelles est encore plus fort que dans la pédagogie traditionnelle bien que la justification du choix reste la même. L'hypothèse explicative stipule que l'enfant imite l'environnement Montessori : si l'enseignant est lui-même engagé davantage dans des activités réelles que fictives (éplucher les légumes par exemple) alors l'enfant l'est aussi et il préférera l'activité culinaire au jeu de rôle où on épluche fictivement les légumes. Cela est valable dans le sens opposé car observé en la pédagogie traditionnelle: si l'enseignant privilégie le jeu de rôle alors l'enfant le préférera par la suite. Cet environnement comprenant de nombreuses activités réelles a été mis en place en ce sens par Montessori elle-même qui a émis une conclusion empirique du même ordre sur base de ses propres observations : les enfants sont attirés par ce qui est réel. Cette étude valide la conclusion de Montessori. Cependant, l'hypothèse explicative est critiquée par l'autrice qui se refuse à faire appel à elle pour expliquer le phénomène : tout le monde n'applique pas la pédagogie Montessori de la même façon ; l'échantillon est bon mais faible et peu diversifié ; non-prise en compte de l'aspect familial : la philosophie qui y est appliquée ainsi que son environnement ; l'étude qualitative écarte certains aspects (tempéraments des enfants, certaines activités ont été évaluées et pas d'autres). Cependant, elle note que l'apport de Montessori fait sortir la pédagogie d'une dualité « travail » ou « jeu » en mettant la focale sur l'aspecté « réel » ou « fictif » de celle-ci. Cela implique un changement de perspective. En effet, en incitant positivement les enfants à s'engager dans des activités réelles qu'ils préfèrent d'eux-mêmes aux fictives, ils sont motivés à les réaliser tout en étant confrontés à la réalité qui devient alors le creuset facilitant un meilleur apprentissage en classe. Elle conclut que le rôle de l'enseignant consiste alors à créer un environnement qui montre un intérêt pour le réel.

En 2019, Angeline S. Lillard de l'université de Virginie[39] s'est intéressée à la manière dont réagit la pédagogie Montessori au regard de la réforme scolaire qui est un sujet important pour les systèmes éducatifs. Elle constate que celui de la pédagogie Montessori a peu évolué en un siècle. L'étude met en évidence les facteurs qui contribuent à sa persistance tout en relevant qu'elle est sujette à des critiques relativement fortes qui limitent sa diffusion. En effet, le système éducatif Montessori reste considérablement en marge et peu diffusé. Pour expliquer sa marginalité, l'autrice propose des hypothèses spéculatives: elle pense que le système éducatif Montessori manifeste des différences majeures avec le système pédagogique traditionnel qui fonctionne davantage sur une approche qui se base sur des preuves scientifiques. De ce fait, il reste centré sur ses acquis et résiste profondément à toute réforme radicale. La cohabitation de ces deux systèmes différents est dès lors difficile. Dans ce contexte, la mise en œuvre du système éducatif Montessori serait freinée par la réserve du système pédagogique traditionnel qui a une tendance à la bouder. L'intégrer demanderait une profonde réforme de ce dernier. L'autrice appelle aussi à réformer la pédagogie Montessori : certains facteurs intrinsèques au système éducatif Montessori facilitent la critique et stimulent la méfiance à son égard. Elle constate l'absence de label qualité qui facilite l'existence de classes étiquetées Montessori alors qu'elles ne respectent pas les principes de base de la pédagogie. Les résultats négatifs des élèves de ces classes sont imputés à la pédagogie qui s'en trouve dévaluée ; le personnel administratif et pédagogique peut parfois ne pas être suffisamment formé ce qui alimente une résistance à la bonne mise en forme de la pédagogie. Ce manquement affecte aussi leur loyauté : difficultés à justifier les choix pédagogiques, défaut d'implication, exécution de la pédagogie comme une technique sans l'avoir comprise dans ses fondements. Cependant, le système Montessori est résilient : des facteurs favorisent sa perpétuation ce qui contraste les points soulevés ci-dessus: l'autrice remarque une conformité avec la science du développement et de l'apprentissage qui débouche sur une pratique pédagogique saine qui montre notamment de solides résultats sociaux-émotionnels et scolaires : les élèves s'y sentent indépendants et libres. Les parents sont généralement satisfaits des écoles et les enseignants contents d'y enseigner[40]. En outre, la pédagogie Montessori est adaptable à tous les types et formes d'enseignement ce qui attire à la fois l'attention et le respect du public. L'autrice conclut que les deux systèmes éducatifs ont à se réformer pour améliorer leurs pratiques qui pourraient davantage cohabiter.

C'est en 2023 que la toute première méta-analyse portant sur la pédagogie Montessori voit le jour. Une équipe de chercheurs et chercheuses de l'Université de Lorraine publie un article intitulé "Une méta-analyse des effets de la pédagogie Montessori sur cinq domaines du développement et des apprentissages chez les enfants d'âge préscolaire et scolaire"[41] dans Contemporary Educational Psychology, une revue scientifique phare en psychologie. Les résultats de cette méta-analyse mettent en avant des effets positifs de la pédagogie Montessori sur les compétences sociales et les résultats académiques des enfants. En revanche, les résultats sur les autres domaines (les compétences motrices, la créativité et les habiletés cognitives) ne sont pas significatifs.

Prolongements[modifier | modifier le code]

Les travaux de Maria Montessori ont été prolongés au sein du mouvement d'éducation nouvelle auquel elle participait avec de nombreux pédagogues comme Célestin Freinet, Roger Cousinet, Adolphe Ferrière ou le père Faure [42].

Ce mouvement d'éducation nouvelle a émergé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle en réponse aux lacunes du système éducatif traditionnel. Les pédagogues de ce mouvement préconisaient une éducation plus démocratique, basée sur l'autonomie, l'expérimentation et l'apprentissage actif plutôt que sur la simple transmission de connaissances.

Célestin Freinet, par exemple, a développé une pédagogie coopérative et une méthode d'impression à l'aide d'une presse à bras pour permettre aux élèves de produire des journaux scolaires et d'acquérir des compétences en communication et en expression écrite. Roger Cousinet, quant à lui, a mis l'accent sur la créativité, la curiosité et l'exploration libre des enfants, ainsi que sur la collaboration entre les élèves et l'enseignant.

Adolphe Ferrière a quant à lui créé une école primaire à Genève basée sur les principes de l'éducation nouvelle, qui a servi de modèle pour de nombreuses autres écoles. Le père Faure, lui, a développé une méthode d'enseignement basée sur la conversation, où les élèves étaient encouragés à poser des questions et à participer activement à leur propre apprentissage.

En résumé, le mouvement d'éducation nouvelle a permis le développement de nouvelles pratiques pédagogiques qui ont influencé de nombreuses écoles et institutions éducatives à travers le monde. Les principes d'autonomie, d'expérimentation et d'apprentissage actif sont toujours pertinents aujourd'hui et continuent d'inspirer les pédagogues du monde entier.

Critiques[modifier | modifier le code]

La méthode Montessori est encore sujette à caution et remise en question par nombre d'éducateurs[43]. Selon Marie-Laure Viaud, docteur en sciences de l'éducation et spécialiste des écoles alternatives : « Certains considèrent que les activités proposées [dans les écoles Montessori] ne couvrent que certains besoins des enfants, d'autres lui reprochent d'être trop centrées sur le préapprentissage scolaire[9]. ». La réintégration dans un système classique peut se faire avec difficulté[9]. Xavier Darcos relève en 2016 que « bien des témoignages montrent que les enfants qui quittent le monde montessorien pour continuer leurs études et pour affronter le monde sont désemparés et ont du mal à suivre le rythme d'un groupe[29]. »

« Montessori n'est pas une marque déposée. N'importe qui peut poser sa plaque et s'autoattribuer ce label sans garantie de sérieux, ni de formation digne de ce nom. Il existe toutefois, depuis 1950, l'association Montessori France (AMF)[44], affiliée à l'association internationale créée par Maria Montessori. Elle compte une centaine d'écoles adhérentes, sur environ 200 structures recensées en France[45]. » La pédagogie et les résultats des écoles « hors-contrat » en France ne sont pas contrôlés[9].

La journaliste Gaëlle Picut pour L'Express relève qu'il s'agit d'une « pédagogie élitiste » : « Paradoxalement, alors que Maria Montessori avait au départ ouvert une école pour les enfants d'un quartier pauvre de Rome, les écoles Montessori d'aujourd'hui sont devenues très chères. Hors contrat, elles ne reçoivent aucune subvention de l’État [en France]. Il faut donc compter débourser entre 5 000 et 8 500 euros par an (hors repas). Seules exceptions à cette règle : trois écoles privées Montessori sous contrat — à Roubaix, Rennes et Latresne à Bordeaux — un peu moins onéreuses et de 2011 à 2014, des classes maternelles au sein d'une école publique à Gennevilliers, où une institutrice (Céline Alvarez) s'est inspirée des méthodes Montessori[46]. »

En novembre 2022, Madame Figaro publie un reportage sur les écoles Montessori. On y apprend que les écoles ouvrent sans réel contrôle, puisqu'aucun brevet ou marque n'a été déposé, ni du vivant de Maria Montessori, créatrice de la pédagogie, ni par ses héritiers[47].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Biographie de Maria Montessori - Qui était-elle? Sa vie et son oeuvre », sur Découvrir Montessori (consulté le ).
  2. Poussin 2017, p. 6.
  3. Poussin 2017, p. 5.
  4. a et b Charlotte Poussin, 3 minutes pour comprendre 50 principes clés de la pédagogie Montessori, Le Courrier du Livre, (ISBN 978-2-7029-1715-2, lire en ligne), p. 48-49.
  5. Odile Anot, Montessori au cœur de la vie de famille, Dunod, , 238 p. (ISBN 978-2-10-078587-2, lire en ligne), Pages 11 à 85.
  6. a b et c « L’objectif de la pédagogie Montessori est l’épanouissement de l’enfant et l’éducation à la paix », sur La Croix, (consulté le ).
  7. a et b « Collèges Montessori en France - Liste et Annuaire du Guide Montessori », sur Guide Montessori (consulté le ).
  8. a et b « Écoles Montessori : C'est quoi ? Comment choisir ? [LISTE 2022] », sur Guide Montessori (consulté le )
  9. a b c d e et f « La première école Montessori est née il y a cent dix ans », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Qui est Maria Montessori : Ses origines, ses rencontres, sa vision », sur Guide Montessori (consulté le )
  11. Sonia Princet, Ouafia Kheniche, « La méthode Montessori au service de l'enfant », sur France Inter, (consulté le )
  12. Marion Galy-Ramounot, « Laurent Lavollay-Porter, l'éloge de l'école différente », sur Le Figaro, (consulté le )
  13. Barbara Baylor Porter, « Bienvenue », sur The Bilingual Montessori School of Paris (consulté le )
  14. « École Montessori Bordeaux - Le Jardin des Enfants Latresne », sur www.montessori-bordeaux.com (consulté le ).
  15. « Espace Pédagogique », sur www.jdarc-rx.com (consulté le ).
  16. « École Montessori de Rennes », sur www.montessori-rennes.org (consulté le ).
  17. « Historique de l’association | Public Montessori » (consulté le ).
  18. Amandine Hirou, « Montessori : ces profs du public qui cassent les codes », L'express,‎ (lire en ligne).
  19. Valérie Leboucq, « Babilou s'intéresse aux expatriés du Brexit », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  20. « Lycée Montessori : Guide complet et liste des Lycées en France », sur Guide Montessori, (consulté le ).
  21. le figaro, « Le lycée Montessori, un établissement où les élèves reprennent confiance en eux », sur Le Figaro Etudiant (consulté le )
  22. « Voici pourquoi il pourrait y avoir une université Montessori en France », sur Challenges, (consulté le )
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources primaires[modifier | modifier le code]

Sources secondaires[modifier | modifier le code]

  • Bérangère Kolly et Henri-Louis Go, Maria Montessori et Célestin Freinet : voix et voies pour notre école, ESF, 2020.
  • Charlotte Poussin, La pédagogie Montessori, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 4101), (ISBN 978-2-13-080049-1, lire en ligne).
  • Nathalie Petit, Montessori à la maison : 0–3 ans, Actes Sud, coll. « Je passe à l’acte », , 62 p. (ISBN 978-2-330-07244-5).
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  • Victoria Kayser, La pédagogie Montessori : De l'approche anthropologique à l'émergence de la neuroéducation, Éditions Universitaire Européennes, (ISBN 978-613-1-53790-5).
  • Kristina Skjöld Wennerström et Mari Bröderman Smeds, La Pédagogie Montessori, Aspects théoriques et pratiques, Éditions l'Instant Présent, 2012 (ISBN 978-2-916032-18-4).
  • Isabelle Patron, Vanessa Toinet et Sylvia Dorance, Montessori pas à pas - les principes fondateurs, 2012, (ISBN 978-2-36638-020-0) Éditions École Vivante.
  • Murielle Lefebvre, La Pédagogie Montessori illustrée, TMF, 2012, (ISBN 978-1480187573).
  • Victoria Kayser, Pédagogie Kayser. Entre approche sensorielle Montessori et théorie des intelligences multiples de Gardner. Centre de recherche DMDEA, Montréal, 2011 (ISBN 978-2-9812711-0-5).
  • Victoria Kayser, Autisme et Montessori, Centre de recherche et de développement de matériel didactique pour enfants autistes, Montréal, 2010 (ISBN 978-0557393329).
  • Tim Seldin, Éveiller, épanouir, encourager son enfant. La pédagogie Montessori à la maison, Nathan, Paris, 2010.
  • Jeannette Toulemonde, Le Quotidien avec mon enfant, inspiré par la pensée et l'expérience de Maria Montessori, Éditions l'Instant Présent, 2010.
  • Clermont Gauthier (dir.) et Maurice Tardif (dir.), La Pédagogie : Théories et pratiques de l'Antiquité à nos jours, 2e édition, Gaëtan Morin Éditeur, 2005, Montréal (ISBN 2-89105-899-2).
  • (en) Renilde Montessori, Reflections in Our Children's Eyes, Foundation for Montessori Education, Toronto, 1987.
  • F. Garcin, L'éducation des petits enfants par la méthode montessorienne, Paris, Nathan, 1926.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]