Amadeus, film dont j'entend du bien depuis un petit moment maintenant, c'était donc un film que je devais voir et voilà que la très bonne chaîne arte le diffuse pas plus tard qu'hier soir, y allant tête baissé et appréhendant une déception, je ne pouvais tout de même pas repousser cette diffusion, surtout quand une chaîne vous propose de le voir en haute définition, sans pub et en version originale sous titrés.


Je me suis donc installé sous ma couette, une bonne pomme à la main et un cappuccino bien chaud à coté de moi, et voilà que le film aux huit oscars démarre, j'appréhende toujours de ne pas aimer, avec certains films je suis confiant voir très confiant, mais ceux d'époque je me méfie toujours, surtout cette époque avec les perruques et tout le tintouin, ce n'est pas l'époque qui me passionne le plus. Mais bon, je me dis que j'ai aimé "Barry Lyndon" de Kubrick qui prenait place à quelques années près, au final il suffit que l'histoire soit intéressante pour que je sois conquis, l'époque m'importe peu, mais cela n'enlève rien à mon appréhension qui est toujours là.
Quoiqu'il en soit, je me retrouve donc devant le tant réputé Amadeus, puis je suis l'histoire de Antonio Salieri, un ancien compositeur enfermé chez les fous qui conte, ou plutôt confesse à un homme de foi sa rencontre avec le célèbre et inoubliable Wolfgang Amadeus Mozart. A l'époque Salieri était le compositeur officiel de l'empereur Joseph II, mais le jour où le jeune vulgaire, à l'esprit gamin et au style provocateur et pourtant génie Mozart se retrouve devant l'empereur, ce dernier voue une préférence à ce jeune compositeur qui dès l'enfance avait déjà un don. Tout cela évinça Salieri petit à petit qui ne voulant accepter sa disparition tenta de mettre de coté le rieur Mozart.


Comme on pourrait le croire, Amadeus ne nous fait pas suivre Mozart, il ne raconte en aucun cas sa vie, si l'on veut une biographie du monsieur il suffit de taper Mozart sur google et op une page wikipédia vous fera l'honneur de vous conter sa vie. Non, ici on suit l'admiration incroyable et la haine profonde d'Antonio Salieri envers ce jeune insolent applaudi de tous, l'histoire ou plus précisément le scénario est en grande partie romancé, il est avant tout tiré d'une pièce de théâtre de Peter Shaffer, Shaffer qui est d'ailleurs le scénariste du film, un choix intelligent.
Pour citer les libertés prises par le scénario sur la réelle histoire, je copie colle une partie de la page wikipédia du film, comme quoi ça aide bien ce site:


"Ce film ne doit pas être considéré comme une biographie, mais comme une fiction qui s’inspire librement de l’histoire de Mozart, ce qui explique les quelques différences par rapport aux faits.
Par exemple :
- C’est Salieri qui est montré commandant le Requiem à Mozart, or on sait qu’il s’agit du comte Franz de Walsegg.

- Salieri n’était pas présent au moment de la mort de Mozart et ne l’a jamais assisté dans l’écriture de sa messe funèbre.
- Les extraits de L'Enlèvement au sérail et de La Flûte Enchantée sont interprétés en anglais et non en allemand, comme dans la version originale.
- Mozart dirige un orchestre, ce qu’il semble n’avoir jamais fait en réalité, à Vienne du moins, puisqu’il n’avait de titre autre que musicien impérial et pas Konzertmeister, titre qu’il recherchait en vain.


Par contre, le jeu de l’acteur correspond à des traits réels de Mozart : il était petit de taille, il le dit dans la correspondance, « demeuré enfant » selon sa sœur, joyeux et plaisantant sans cesse, assez dur de jugement à l’égard des collègues, peu courtisan selon Grimm, pas à même de gérer sa carrière selon son père, qui le précise dans une lettre qu’il envoie à son fils lors de son installation à Vienne et de la rupture des relations."


Amadeus est donc une oeuvre à part, à prendre comme telle, ce qui ne me gène bien sur pas, du moment que l'histoire est intéressante et dans le cas présent fascinante je m'en cogne bien que ce soit vraiment arrivé ou non.
C'est Miloš Forman, le réalisateur du fabuleux Vol au-dessus d'un nid de coucou qui est à la barre, et autant dire que les oscars du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur acteur : F. Murray Abraham, meilleure direction artistique, meilleure création de costumes, meilleur maquillage et du meilleur son, ainsi que les nombreux prix remit lors d'autres cérémonies, ils ne les ont pas volés.
La retranscription est juste époustouflante, je ne sais même pas si je vais pouvoir bien décrire cette ambiance, et puis je ne vais même pas essayer finalement, il faut voir le film pour se plonger dans cette époque très chique où les tenues, les coiffes, le mobilier, les lustres, les murs et j'en passe sont soignées, riches et d'une élégance très bourgeoise. Les décors sont renversants, les théâtres ou ne serait-ce qu'un bureau, tout est choisi et respecté avec minutie, Forman pose sa caméra au milieu de tout ça et nous livre des images sublimes, un cadrage précis et lui aussi très minutieux, les éclairages sont naturels, aucun projecteur, aucune lumière autre que la lumière naturelle, comme l'avait fait Kubrick sur Barry Lyndon.


Je ne sais que dire de plus sur la technique et la forme de ce film, on oubli totalement qu'il y a une caméra devant les acteurs c'est clair, j'ai vraiment été saisi et passionné par cette histoire, pourtant Mozart et la musique classique ce ne sont pas forcément les sujets qui me passionnent, bien que la musique classique ne me soit aucunement repoussante. En parlant de musique, il fallait bien en venir là, bien sur le film regorge et on pourrait même dire est porté par de nombreux chef d’œuvres du jeune génie, je ne connais pas bien son oeuvre, je connais quelques brèves notes mais là fut l'occasion d'entendre un peu plus de son travail, enfin travail, difficile d’appeler ça du travail quand on écoute ses œuvres, on parlerait plus de don.
En tout cas sa musique nous accompagne tout du long, et j'ai encore en tête ce moment où dans son lit Mozart malade comme un chien continu d'écrire son Requiem, la musique est en parfait accord avec les gestes et paroles du personnage.
Personnage incarné par Tom Hulce qui n'a rien fait de bien intéressant ensuite, c'est la première fois que je le voyais en tout cas, et bon sang, d'après le paragraphe que j'ai copié collé plus haut, Mozart était vraiment un grand gamin en plus de son excentricité, et à voir Hulce, il ne joue pas, il possède le célèbre compositeur, son regard, son rire, son style, sa gestuelle. D'ailleurs surprenant qu'il n'est pas eu l'oscar, mais moins surprenant quand on voit que c'est l'interprète de Antonio Salieri à savoir F. Murray Abraham qui l'a empoché, sa prestation est bluffante, moi qui le connaissais surtout pour son rôle dans la série "Homeland" ça change vraiment et je me souviendrais de lui pour ce rôle également, je n'ai que des compliments à son égard, inutile d'en dire plus.


Je ne compte pas citer tout le casting, ils sont tous phénoménaux, il n'y a rien à reprocher à qui que ce soit ou à quoi que ce soit d'ailleurs, c'est une oeuvre étonnante, impressionnante et captivante que nous servent Forman et Shaffer, sur la forme et sur le fond, tout est ciselé et travaillé avec une précision stupéfiante, et la bande son est à l'image du génie de son compositeur. Je ne sais quoi rajouter si ce n'est que ce pauvre Salieri n'avait pas mérité qu'on l'oublie ainsi, sa folie l'aura emporté, son admiration pour Mozart l'aura détruit, le final du film est d'ailleurs fabuleux.


En bref, Amadeus qui en latin signifie "aimé de dieu" est un film, que dis-je, une fresque aussi étonnante que fascinante, je suis bien content de ne pas avoir été déçu de ce film, rien que l'affiche est magnifique, ça m'aurait fait mal de ne pas aimer rien que pour l'affiche...

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le 6 avr. 2015

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