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21 décembre 2023 4 21 /12 /décembre /2023 08:00
Joyeux Noël

     Partout, on nous parle des "fêtes" sans plus de précisions ou des "fêtes de fin d'année" (en incluant donc la Saint Sylvestre mais en oubliant le 1er janvier"). Parfois on cite Noël mais c'est pour évoquer le sapin, le Père Noël, les cadeaux, les Marchés de Noël et j'en passe. Par contre, on occulte de plus en plus le fait que Noël est une fête religieuse chrétienne. En définitive, il s'agit d'une volonté de "déchristianisation" des jours fériés que l'on retrouve à l'oeuvre, sous une autre forme avec Halloween supplantant la Toussaint. Il ne reste plus aux "communicants" qu'à trouver un "truc" pour le 15 août ; pour Pâques, c'est déjà fait : plus personne ne précise que cette fête marque la Résurrection. 

 

     Je me permets donc de rappeler que le 25 décembre, les chrétiens célèbrent la naissance de Jésus qu'ils considèrent comme le Christ. Tout en signalant qu'il n'est pas né le 25 décembre (en fait, cette date a été choisie car elle reprenait des fêtes anciennes au moment du solstice d'hiver) et qu'il a vu le jour plusieurs années "avant Jésus-Christ". Ceci dit, on emploie d'ailleurs de moins en moins cette formule au profit de "avant notre ère" ou "après notre ère" voire avant ou après "l'ère commune" ; ce qui ne veut rien dire.  

 

     Mais, me direz-vous, est-on sûr que Jésus a bien existé ? Tous les historiens sérieux répondent positivement à commencer par Ernest Renan auteur d'un livre jugé iconoclaste à son époque : "Vie de Jésus". Une multitude de livres se sont intéressés à ce personnage historique ; un des derniers en date étant "Jésus" de Jean-Christian Petitfils qui tente de faire la synthèse de tout ce qui a été écrit jusque là. 

 

     Par contre, l'affirmation que Jésus est "fils de Dieu" appartient à la foi chrétienne que tout un chacun peut contester. Il faut, d'ailleurs préciser que la nature de Jésus a fait l'objet de très nombreuses controverses au sein du christianisme depuis 2 000 ans entraînant des schismes qui ont, par exemple, donné naissance aux Églises orientales non chalcédoniennes (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2015/09/chretiens-d-orient.html ) ou à la rupture entre l'Église dite catholique et les Églises dites orthodoxes. 

 

     Jésus est donc né à Bethléem, dans une partie du monde appelée Palestine ; cette ville, proche de Jérusalem, fait partie, actuellement, des territoires occupés par Israël administrés par l'Autorité Palestinienne. Pendant une trentaine d'années, il a vécu à Nazareth, en Galilée, qui, elle, fait partie des territoires conquis par l'État d'Israël au moment de sa création mais dont la population exclusivement arabe à l'époque n'a pas été chassée. Il faut rappeler qu'à la fin du XIXème siècle, les chrétiens représentaient environ 10% de la population de la Palestine historique tandis que les juifs ne sont que 3% (la plupart sont installés depuis des siècles et parlent arabe ; une petite minorité est constitué de Séfarades ayant fui la Péninsule Ibérique et parlant le judéo-espagnol ; le reste étant des colons européens). Aujourd'hui, les chrétiens de "Terre Sainte" sont devenus très minoritaires sur la terre de leurs ancêtres à cause des expulsions entre 1947 et 1949 puis du fait d'une émigration plus prononcée ou d'une démographie plus faible. Ils ne représentent plus que 1,5% des habitants : la création de l'État d'Israël a été une catastrophe pour eux. 

 

     Cette année, les chrétiens de Palestine, comme tous les autres Arabes auront encore plus de mal à fêter Noël dans la sérénité : en Galilée, ils sont discriminés ; en Cisjordanie ils sont soumis à une occupation militaire et à la violence des colons ; à Gaza, une église orthodoxe a été détruite et d'autres qui se sont réfugiés dans une église catholique sont pris entre deux feux. 

 

     Le Pape Jean-Paul II avait frappé un grand coup, en 1987, en nommant un Arabe comme Patriarche "latin" de Jérusalem : Monseigneur Michel Sabbah, Palestinien , occupera le siège pendant 21 ans ; il sera remplacé par un Arabe jordanien nommé Fouad Twal qui restera 8 ans. Désormais, c'est un Italien qui occupe cette fonction. Il existe d'autres communautés chrétiennes : orthodoxes, orientaux catholiques... Dans leur immense majorité (il existe une petite communauté chrétienne constituée par des immigrés de langue hébraïque), ils sont les descendants des plus anciens habitants du pays. Le jour de Noël, on pourrait penser à eux. 

 

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5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 10:48

     Au seuil d'une nouvelle année, il est de coutume d'émettre des voeux pour sa famille et ses amis mais, aussi - pourquoi pas - pour sa commune, pour son pays et pour le monde. Je vous ferai grâce de ceux que j'adresse à mes proches pour me concentrer sur ce qui me concerne en tant que citoyen de Sablé, de la France et du monde. 

 

     Pour moi, la liberté est un des biens les plus précieux dont, malheureusement, sont privés des centaines de millions d'individus de par le monde. Sans prétendre être exhaustif, je pense, tout d'abord, aux minorités ethniques en Chine dont les particularismes sont déniés et qui peuplent par centaines de milliers, des centres de rééducations et, puisque l'on parle de la Chine, je m'inquiète de la surveillance systématique de la population. La liberté, c'est, également, la liberté pour les femmes qui sont traitées comme des mineures en Afghanistan, en Iran , en Arabie Saoudite... dans un système de ségrégation qui ne dit pas son nom ; ces pays se singularisant, également, par la discrimination vis à vis des non-musulmans comme dans nombre d'autres pays dont la constitution fait référence à l'islam. Enfin, je forme des voeux pour la liberté de la presse mise en cause dans des pays aussi divers que l'Algérie, Cuba, le Russie, la Chine (encore), l'Iran (encore), la Turquie et j'en oublie beaucoup. 

 

     Je forme, également, des voeux pour la paix. Partout où la guerre ravage des pays et détruit des existences. C'est tout particulièrement le cas en Ukraine qui subit, depuis plus de 10 mois, l'agression de la Russie dirigée par Poutine, un clone de Hitler et de Staline. J'avoue, d'ailleurs, avoir été choqué d'entendre, l'autre jour, une personnalité importante évoquer "la guerre entre l'Ukraine et la Russie" comme s'il y avait une certaine forme d'équivalence entre l'agressé et l'agresseur qui, faute d'espérer l'emporter face à la détermination du peuple ukrainien, a décidé de détruire systématiquement l'Ukraine. Et serait-ce trop demander que de souhaiter que ceux qui se disent de gauche condamnent les impérialistes russes. Malheureusement, la guerre ne se limite pas au sol européen : elle frappe l'Éthiopie, le Congo, la Syrie, plusieurs pays du Sahel, la Birmanie. On ne peut que se réjouir de l'accord signé en Colombie mais l'inquiétude grandit avec l'arrivée au pouvoir, en Israël, de nombreux élus d'extrême-droite favorables à l'expulsion de la population autochtone déjà discriminée. 

 

     Pour la France, je souhaite surtout que le peuple ait la force de s'opposer aux projets les plus néfastes du Président de la République ; tout particulièrement le recul de l'âge de la retraite à 69 ou 70 ans (car, ce qu'il faut prendre en compte, c'est l'âge du départ sans décote et non l'âge minimum). Et que cesse cette fuite en avant vers toujours plus de radiations de chômeurs et de remise en cause permanente de leurs droits à indemnisation. Et que s'arrête la surenchère sécuritaire et la dénonciation d'une pseudo invasion migratoire. J'appelle donc de mes voeux l'union de la gauche autour de valeurs humanistes, sans hégémonie et sans renoncement. 


     Pour Sablé, j'espère que la nouvelle équipe municipale aura à coeur de favoriser la démocratie (les marges de progression sont importantes) et qu'elle s'intéressera, d'abord, aux Saboliens et, tout particulièrement à ceux qui habitent dans les quartiers populaires. Les caisses sont vides ; évitons de jeter l'argent par les fenêtres et commençons par améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens, relancer le commerce au centre-ville, faire participer les habitants. Il y a beaucoup d'autres initiatives que devrait prendre une municipalité vraiment consciente de l'intérêt général. Je souhaite, également, que la santé devienne une priorité mais quand je constate la déliquescence des urgences au Bailleul, le retard pris dans la construction de la Maison de Santé, et le soutien à des projets mercantiles dans le domaine du handicap, il y a de quoi être pessimiste. Je forme, enfin, des voeux pour que notre députée reste à l'écoute et au service des habitants de sa circonscription. 

 

     Je souhaite, en guise de conclusion, pouvoir tisser des liens plus étroits avec nos voisins et tous les Saboliens que nous croisons, à qui nous disons bonjour, qui nous contactent, avec qui nous échangeons sur facebook, qui m'encouragent pour mon blog.. mais que nous connaissons à peine. La richesse des relations interpersonnelles est un des secrets du bonheur. Bonne année 2023 !

 

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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 11:44

     Vous avez, sans doute, pu lire des articles consacrés à la pastorale des Migrants de Sablé qui sont parus il y a quelques temps ; le 8 novembre dans Le Maine Libre et le lendemain dans Ouest France (voir sur ma page facebook et sur celle des quotidiens). Nous n'avions pas sollicité les journalistes et ceux-ci ne s'étaient pas concertés et c'est donc par hasard qu'ils nous ont fait la surprise de venir nous rencontrer longuement lors de notre permanence mensuelle. Il ne s'agit, d'ailleurs, pas d'une première car la presse locale vient nous rendre visite tous les deux ou trois ans (voir, par exemple : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/12/pastorale-des-migrants-une-antenne-a-sable.html). Occasion pour mieux faire connaître notre action. Nous les en remercions. 

 

     Un petit peu d'histoire (résumée dans cet article datant d'un peu plus de 3 ans : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2019/08/retrospective-2014-2019-8.html)

 

     Jusqu'à la fin du XXème siècle, il y avait peu d'étrangers ou de Français d'origine étrangère à Sablé. La situation a changé rapidement depuis une vingtaine d'années et Sablé et ses environs ont accueilli des personnes venues du monde entier (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-babel-sur-sarthe-1-107865637.html) C'est dans ce contexte que sont nées diverses associations (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-babel-sur-sarthe-2-107879029.html). De nature très différentes. Laissons de côté celles qui regroupent les originaires d'un même pays (le Maroc, la Turquie...) pour nous concentrer sur les associations "françaises" d'aide. Depuis plus de 30 ans, Alpha Sablé a pour but principal de favoriser l'acquisition de la langue française. Il y a une douzaine d'années, une vingtaine de personnes s'étaient réunies pour créer une antenne de RESF qui a pour objectif d'éviter l'expulsion de parents d'enfants mineurs scolarisés , malheureusement, l'initiative a fait long feu. La Croix Rouge héberge des demandeurs d'asile. Sans oublier des associations plus "généralistes" qui aident indifféremment les Français et les étrangers comme le Panier du Pays Sabolien, les Restos du Coeur, le Secours Catholique, ASSADE, Partage... Des chrétiens participent, bien sûr, à ces associations. 

 

     La pastorale des Migrants est un service de l'Église catholique de la Sarthe qui existe depuis une dizaine d'années. Elle ne souhaite pas se substituer à ce qui existe. L'antenne de Sablé, constituée début 20015,  est née d'un double mouvement. 

     

          - La paroisse catholique accueille des croyants dont les origines géographiques sont de plus en plus diverses (venant d'Afrique, du Proche Orient, d'Asie de l'Est et du Sud-Est, d'Europe, d'Océanie). Il suffit de se pointer à la sortie de la messe dominicale pour constater l'universalité de l'Église. Des étrangers ou des personnes d'origine étrangère y ont même pris des responsabilités (par exemple à l'aumônerie). Il ne faut pas, non plus, oublier que 3 prêtres étrangers ont été au service des paroissiens (un Coréen arrivé en 1990 à Sablé puis parti à Parcé puis ailleurs en Sarthe et qui est revenu à Sablé en 2021 ; un Malien ; un Nigérien).  Par ailleurs, la paroisse est jumelée avec une paroisse catholique (melkite) d'Alep (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2016/02/quand-les-chretiens-de-sable-invoquent-allah.html). C'est la raison pour laquelle, un petit groupe anime, depuis une bonne dizaine d'années, la "messe des peuples" qui se déroule tous les ans, en janvier, dans une ambiance internationale. 

 

          - Des paroissiens avaient commencé à aider les étrangers, quelles que soient leurs origines et leurs religions et avaient acquis une certaine expérience. 

 

     Partant de ces constats, les responsables de la Pastorale des Migrants au Mans ont sollicité quelques personnes engagées dans les relations avec les étrangers pour qu'ils créent cette antenne avec le soutien actif de la responsable sarthoise. C'est ainsi que depuis près de 8 ans les "fondateurs" rejoints par d'autres, tiennent des permanences ouvertes à tous. Elles ont d'abord eu lieu à l'aumônerie qui se situait juste en face du lycée. Depuis quelques années, l'accueil se fait à la maison paroissiale située sur la Place de la République. 

 

     Au début, les permanences se tenaient 2 fois par mois. Le COVID a mis un coup d'arrêt temporaire à cette action mais les permanences ont pu reprendre (à un rythme désormais mensuel) depuis le début de 2022. C'est pourtant cette année que nous avons le plus de contacts (et de loin) que ce soit à la permanence ou par téléphone. 

 

     D'où sont originaires ceux que nous avons reçu depuis près de 8 ans ? 

     La majorité d'entre eux vient d'Afrique.  Nous avons, également rencontré des originaires du Proche Orient (au sens large) et d'Europe. Si beaucoup d'entre eux sont originaires d'un pays qui fut colonisé par la France, il y en a de plus en plus qui viennent d'autres pays ou qui  ne parlent quasiment pas le français voire pas du tout. L'anglais est rarement utile ; on se débrouille en utilisant d'autres langues. Certains sont chrétiens (mais pas nécessairement catholiques latins), d'autres sont musulmans ou sans religion mais nous ne faisons pas de différence. 

 

     Quel est le but de leur visite ? 

     Dans la quasi totalité des cas, il s'agit d'aide pour des démarches administratives. Principalement, demande de permis de séjour mais, également, problème de renouvellement de celui-ci, regroupement familial, demande de nationalité française, obtention de documents de circulation... On peut, citer, également, des demandes d'hébergement (nous transmettons aux services et associations spécialisées). Les autres concernent le souhait de s'intégrer dans la paroisse ou de recevoir des sacrements.

 

     Comment sont-ils rentrés en contact avec nous ? 

     Certains ont vu l'annonce à la sortie de l'église ou bien ont été aiguillés par des paroissiens ou envoyés par le Secours Catholique. D'autres nous ont connu par la presse et, surtout, le bouche à oreille. Enfin, (et c'est de plus en plus fréquent et ce qui explique la hausse des demandes de rencontre), les assistantes sociales nous adressent des personnes qui sont venues les voir. 

 

     Quelles aides et pour quels résultats ? 

     Deux précisions d'emblée : nous n'accordons pas d'aide financière (c'est un choix et nous n'avons, de toute façon, aucune ressource) et nous ne nous occupons pas des demandes d'asile (l'aide juridictionnelle est de droit et permet le recours à un avocat). Quand nous recevons une personne, nous commençons par essayer de comprendre le problème et ça démarre souvent par l'étude (et le classement) des documents administratifs qui sont généralement incompréhensibles pour un étranger même francophone. Nous donnons des conseils en précisant bien que nous sommes des bénévoles (et pas une administration). Ensuite, nous pouvons rédiger des courriers et préparer des dossiers mais nous laissons le soin aux étrangers de les envoyer eux-mêmes. Dans quelques cas, nous les accompagnons auprès des administrations ou nous contactons la Pastorale du Mans qui a plus de moyens et de compétences.  Si le dossier est solide, la réponse de l'administration est souvent positive quitte à ce que les délais soient longs. Par contre, s'il manque des pièces essentielles ou si les demandes ont peu de chances d'aboutir pour les raisons les plus diverses ou si les démarches sont interrompues du fait du demandeur, le résultat est rarement positif. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons avoir le maximum d'informations pour que l'aide soit efficace. 

 

     Un dernier détail qui a son importance : les démarches administratives sont très rarement gratuites. Pour une demande de régularisation, ça coûte 50 euros qui ne seront pas remboursés si la demande est rejetée. Il faut, aussi, payer pour la régularisation elle-même, pour un renouvellement, pour la naturalisation et bien d'autres formalités. Ce qui peut poser problème car si on n'a pas de permis de séjour on ne peut pas travailler sauf dans le cas des demandeurs d'asile (mais c'est assez récent) et on n'a pas d'aide financière. 

 

     Une chose est certaine : depuis que nous participons à ce service, nous avons acquis une bonne expérience des lois concernant les étrangers et une meilleure connaissance de la situation de ceux-ci, à Sablé ou ailleurs. 

 

     

 

     

 

 

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18 mai 2022 3 18 /05 /mai /2022 14:56

     Dans une tribune, publié par "Le Monde" le 12 mai 2022, 9 universitaires étudient les divergences et convergences entre les partis de gauche ayant constitué la "Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale" (NUPES). Évoquant les différences et les clivages qui existent entre les structures partisanes, on y trouve cette allusion aux "droits des minorités ethniques et religieuses". Qu'est-ce à dire ? 

 

     On peut penser qu'ils évoquent la situation d'autres pays où existe un racisme institutionnalisé (discrimination, ségrégation, apartheid) ou d'autres pays où ceux qui ne pratiquent pas la religion officielle ont moins de droits (à moins que ce ne soit une allusion à la lutte anti-religieuse qui prévaut encore dans les pays archéo-communiste). Très bien mais tout le monde à gauche étant pour la liberté de conscience, la laïcité, l'égalité des droits et contre le racisme, on ne voit pas sur quoi pourrait porter le clivage (en fait, il y a bien clivage entre ceux qui s'offusquent de la violation des droits de l'homme partout et en toute circonstance et d'autres qui sont plus arrangeants avec leurs amis politiques). 

 

     Tout porte à penser qu'en fait il parlent de la France et c'est là toute l'ambigüité de la formule. Essayons de comprendre ce qui est sous-entendu. Car pour qu'il y ait "minorité" il faut qu'il y ait une "majorité" et pour qu'on envisage de leur donner des "droits" cela suppose qu'ils en ont moins que la majorité ou qu'on va les favoriser. Reprenons. 

 

          - Les "minorités ethniques" ? Synonyme de "minorités raciales". Dans un certain nombre de pays, on recense la population selon son origine raciale. C'était, évidemment, le cas en Afrique du Sud où le "tri" avait pour but de classer chaque individu dans un groupe racial  et d'établir une hiérarchie des droits entre les différents groupes. C'est le cas, encore actuellement, aux États-Unis même si, de droit, toute ségrégation est interdite depuis une cinquantaine d'années (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/07/au-sujet-du-racisme-aux-etats-unis.html et  https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/11/apres-la-mort-de-dennis-banks.html ) ; avec une petite nuance qui concerne le statut des Indiens. Au Canada, les Autochtones sont recensés et ont des droits différents après que leur citoyenneté ait été niée jusqu'à une date récente (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2015/11/chroniques-canadiennes-10.html). On pourrait multiplier les exemples. 

     

     Rien de tel en France. Ce qui ne signifie pas qu'il n'existe pas des discriminations de fait. Concrètement, il est évident que les Noirs et les personnes d'origine maghrébine (souvent lointaine) doivent subir des formes de racisme de la part de divers secteurs de la population et, même, de la part des forces de l'ordre ou d'autres administrations et institutions. Cette dichotomie entre la loi et la réalité quotidienne est intolérable et nécessite une lutte constante pour l'égalité réelle.

 

     Par contre, il existe des minorités linguistiques dans notre pays. Sauf exceptions, les organisations prétendant les représenter ne souhaitent pas l'indépendance d'une partie de la France mais plus d'autonomie régionale et un usage facilité de leur langue comme c'est le cas dans nombre de pays d'Europe. Sur ce sujet, il y a un clivage net au sein de la gauche comme on l'a vu lors du vote de la "loi Molac". 

 

     - Les minorités religieuses. Dans un nombre non négligeable de pays, il existe une religion officielle et, le plus souvent, ses adeptes ont des droits supérieurs aux croyants d'autres religions qui sont plus ou moins tolérés ; quant aux athées, ils bannis. Inversement, dans d'autres pays, plus rares, il existe une idéologie d'État "marxiste-léniniste" : la religion y est plus ou moins acceptée mais les croyants sont des citoyens de seconde zone. Rien de tel en France : en effet, la Constitution est très claire (idem pour le loi de 1905) : elle affirme avec force la liberté de conscience (donc la liberté religieuse) composante essentielle de la laïcité (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/10/qu-est-ce-que-la-laicite.html). Parler de "minorités religieuses" n'a aucun sens car cela supposerait qu'il y ait une majorité religieuse reconnue qui aurait des droits supérieurs ce qui serait en contradiction avec une autre composante de la laïcité : "la loi ne reconnaît...aucun culte"

 

     Ceci dit, à quoi peut bien faire allusion la notion de "minorités religieuses" pour la France ? On suppose que, dans l'esprit des auteurs de la tribune, il y a une allusion aux adeptes de religions différentes de celle qui fut longtemps dominante (la religion catholique). Il s'agirait donc des croyants protestants, orthodoxes, chrétiens orientaux, juifs, hindous, sikhs, bouddhistes et musulmans. En fait, on peut penser que ce texte fait allusion à ces derniers. 

 

     Il est de bon ton, dans certains milieux de gauche de considérer qu'il existe une "islamophobie" et que, par conséquent, les musulmans sont victimes de discriminations du seul fait qu'ils sont musulmans. Il s'agit d'un sujet hautement inflammable sur lequel je me suis souvent exprimé (voir par exemple et en allant lire les textes en liens : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2019/09/islamophobie.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2014/10/les-alternatifs-et-les-religions.html). Ce qui est certain ,c'est qu'il existe des semeurs de haine (dont Z...... ; voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/12/z.html) qui veulent purement et simplement chasser les musulmans de France et que des racistes s'attaquent à des musulmans ou à des lieux de culte musulmans. Il est également vrai que certains, à gauche, voudraient limiter l'expression de la foi musulmane. Enfin, la loi sur le "séparatisme" a été considéré par un des principaux dirigeants de gauche comme une loi "anti-musulmane" alors qu'il s'agit, plutôt, d'une loi de contrôle des religions et de la liberté d'association en général comme je l'ai montré dans plusieurs articles (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/12/anniversaire-de-la-loi-de-1905.html ). 

 

     Conclusion : ce n'est pas parce que certains souhaitent un traitement particulier, des droits exceptionnels, en vertu de la couleur de leu peau ou de leur religion qu'il faut glisser sur cette pente. Il faut, au contraire, favoriser l'exercice de toutes les libertés reconnues dans la Constitution et les lois de la République et accorder l'égalité réelle en combattant toute discrimination de droit ou de fait. 

 

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9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 11:14

     La Ligue des Droits de l'Homme célèbre l'anniversaire de la loi de 1905, dite "de séparation des Églises et de l'État". Ce texte rappelle les principes de la laïcité telle qu'elle est définie par la Constitution de la France, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et les lois de 1905 et 1907. Il condamne, enfin, clairement, la dernière loi dite "contre le séparatisme..." et démontre qu'il s'agit d'une loi anti-laïque. 

     https://www.ldh-france.org/la-loi-de-1905-toute-la-loi-de-1905/

 

     Je vous invite à relire tous les articles que j'ai publiés sur mon blog à ce sujet : 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/02/entretien-avec-philippe-portier-publie-dans-la-croix.html ; 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/02/nouvelle-prise-de-position-de-la-l.d.h.concernant-la-loi-scelerate.html

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/02/les-protestants-contre-la-loi-liberticide.html ; 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/01/condamnation-de-la-loi-confortant-les-principes-republicains.html ; 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/01/texte-de-bernard-dreano-contre-une-future-loi-scelerate.html ; 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/02/humiliation.html ; 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/01/debat-tres-interessant-concernant-la-laicite.html ; 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/12/excellent-article-de-jean-bauberot-sur-la-la-laicite.html ; 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/11/l-etat-peut-il-s-immiscer-dans-le-fonctionnement-des-religions.html ; 

 

 

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20 septembre 2021 1 20 /09 /septembre /2021 15:01

     La victoire des talibans en Afghanistan peut sembler être un nouveau succès de l'islamisme car ils ont l'intention d'imposer la "charia" ou loi islamique. Donc un régime théocratique. C'est à dire un système politique où la religion (l'islam en l'occurrence) domine sur la politique et où les dirigeants sont des religieux. C'est le second exemple dans la région après la "République islamique" d'Iran. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les libertés et, a fortiori, la démocratie. 

 

     Il est, d'ailleurs dramatique de constater que les habitants des pays à majorité musulmane n'ont, bien souvent le choix qu'entre des dictatures corrompues dominées par des militaires, des régimes civils mais s'appuyant sur la "loi islamique" et la théocratie. La gauche démocrate et sociale a été laminée et n'arrive pas à émerger alors même qu'elle a semblé la plus en phase avec les révoltes populaires comme en Égypte, en Tunisie, en Syrie, en Algérie ou au Soudan. 

 

     Il faut, néanmoins, rester un peu optimiste. D'une part parce que les forces vives qui se sont manifestées au grand jour lors des "révolutions arabes" ont rarement été exterminées ; c'est leur expression politique à vocation majoritaire qui n'aboutit pas (pas encore). D'autre part, les régimes théocratiques et les partis islamistes de tout type devront bien "remplir l'assiette". 

 

     Il est facile de demander aux femmes de se voiler, aux hommes de porter la barbe voire d'appliquer des châtiments barbares à toutes sortes de catégories ou pour n'importe quel crime ou délit mais ça ne fait avancer d'un millimètre la satisfaction des besoins fondamentaux des individus : manger à sa faim, avoir un toit, un travail. Bref, développer le pays et, qui plus est, de façon égalitaire. De ce point de vue, la plupart des pays à majorité musulmane peuvent coiffer le bonnet d'âne car si certains pays bordier du golfe persique peuvent sembler ultra modernes, cette richesse est captée par une étroite minorité. 

 

     Aucune dictature ne peut faire l'impasse sur ce point. Rien ne peut, à plus ou moins long terme, arrêter la colère populaire. Même les régimes staliniens ont été confrontés à cette demande de "pain". Sous la férule du "petit père des peuples" (appelé plus communément "Vojd" c'est à dire "guide"), les révoltes ont été matées dans des fleuves de sang (en particulier contre la paysannerie) mais les ouvriers "coulaient les cadences" ce qui a obligé le régime à recourir aux campagnes stakhanovistes. Après sa mort, ce furent les déportés qui se soulevèrent ici ou là puis les ouvriers dans les pays satellites voire en URSS elle-même. L'Iran a connu, de façon périodique, des "émeutes de la faim" et j'en passe. Je pense que même en Corée du Nord, il y a des formes de résistances à la misère. 

 

     L'Afghanistan accuse un retard économique et social considérable. Si les nouveaux gouvernants sont avisés, il mettront l'accent sur l'intensification de l'agriculture, la mise en valeur des richesses minières et la création d'une industrie digne de ce nom. Paradoxalement, les obstacles risquent de venir de l'extérieur : les voisins et, tout particulièrement le voisin chinois, ont tout intérêt à ce que le pays reste misérable pour mieux pouvoir l'exploiter. 

 

     Comme disait l'autre : "On peut tout faire avec une baïonnette sauf s'asseoir dessus". Vaincre l'adversaire soit ! Maintenant , les talibans doivent convaincre le peuple qu'ils feront mieux que les autres. Et ce n'est pas gagné surtout s'ils font fuir les personnes les plus qualifiées. Vouloir ressusciter le passé n'a jamais été un gage d'avenir. 

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22 août 2021 7 22 /08 /août /2021 14:37

     On reste pantois de la facilité avec laquelle les talibans ont pris le contrôle de Kaboul. La capitale est tombée "comme un fruit mûr", sans combat et avant même que les Américains et leurs alliés aient fini de retirer leurs soldats de ce pays. 

 

     Contrairement à ce que l'on lit dans des commentaires écrits par certains, les États-Unis n'ont pas utilisé les talibans pour lutter contre le régime communiste, en place de 1978 à 1992, ainsi que contre la présence armée de l'URSS dans le pays. 

 

     En effet, ceux qui se sont opposés aux Soviétiques et à leurs alliés, avec le soutien américain, représentaient une certaine variété de tendances même si toutes étaient peu ou prou "islamistes". Les É-U leur ont fourni des conseillers militaires et, surtout, des armes très perfectionnées (comme les fameux Stinger). Ils s'en mordront les doigts ultérieurement mais, à l'époque, ils avaient une occasion rêvée d'infliger un "Vietnam" aux Soviétiques. 

 

     Il faut, également, rappeler aux marxiste-léninistes attardés que le régime communiste s'était illustré par son incapacité à convaincre la population rurale, par son sectarisme et, surtout, par ses divisions. Les purges ont fait des milliers de morts ; les divisions internes se sont traduites par l'assassinat du premier ministre par son rival tout autant communiste qui sera, à son tour, assassiné quand les Soviétiques décideront d'intervenir. Le régime sera porté à bout de bras par ses protecteurs pendant une décennie. 

 

     Ceux qui prennent le pouvoir en 1992 représentent donc une coalition hétéroclite de chefs de guerre aussi cupides qu'incompétents. Très vite, la population va se détourner d'eux. C'est à ce moment que les "étudiants en religion" vont entrer en scène. En effet, les fameux "talibans" semblent débarquer de nulle part et, pourtant, ils possèdent des armes lourdes dont ils savent se servir alors même qu'ils sont habillés de bric et de broc. On aura la même surprise quand les djihadistes s'empareront de Mossoul et de Rakka. La question que tout le monde se pose à l'époque (et encore maintenant) : qui les instrumentalise ? De toute évidence, il s'agit du Pakistan qui veut sécuriser ses arrières mais cette réponse n'épuise pas le sujet. Il y a d'autres connivences. 

 

     Les grandes puissances auraient pu s'accommoder des talibans bien que ceux-ci aient installé un régime ultra-réactionnaire et obscurantiste. Une théocratie sunnite, plus brutale que celle qui dirige l'Iran voisin et, qui ,elle, est liée au chiisme. Il s'agit d'une préfiguration de l'État Islamique qui s'emparera, tout aussi brutalement et rapidement, de larges parties de l'Irak et de la Syrie avant d'être liquidé au prix de la destructions de nombreuses villes. 

 

     Tout change après les attentats du 11 septembre 2001. L'organisateur des attaques suicides contre New-York, Ben Laden, est un ancien protégé des Américains en Afghanistan. Or, les talibans ont commis l'erreur de l'héberger sur leur sol. Leur sort est donc scellé. Les É-U interviennent alors directement et massivement pour liquider leur ennemi juré et se débarrasser des talibans par la même occasion. Ils s'appuient sur la plupart de  leurs anciens alliés et sur d'autres seigneurs de la guerre dont certains ont été liés à l'URSS. "L'alliance du Nord" rentre à Kaboul. Néanmoins, Ben Laden parvient à s'enfuir (sans doute exfiltré par les services secrets pakistanais). Les Américains finiront par retrouver quand même sa trace et le liquideront en s'emparant de ses secrets. Quant aux talibans, ils se réfugieront chez leur ami pakistanais où ils s'engagent à ne pas intervenir dans la vie locale. Ils se renforceront en faisant alliance avec un autre groupe islamiste et attendront leur heure. 

 

     La leçon de 1992 a été retenue : les Américains s'efforcent de mettre en place un régime démocratique et efficace. Peine perdue ! Les É-U équiperont une armée nationale qui se révèlera très vite incapable de lutter contre la réapparition des talibans qui, par une stratégie "maoïste" encerclent les villes en contrôlant peu à peu les campagnes. Tous les milliards du monde ne peuvent rien s'ils ne sont pas bien utilisés. 

 

     Et maintenant ?

 

     Il est fort probable que la plupart des grandes puissances vont reconnaître le nouveau régime.

 

          - La Chine - nouvelle grande puissance impérialiste- n'a aucun état d'âme concernant la nature du pouvoir dans les pays étrangers. Comme elle na pas été impliquée dans les épisodes précédents, elle peut se lancer franchement. Elle a deux objectifs : mettre la main sur les richesses minières du pays ; éviter que les islamistes du XinJiang trouvent une base solide en Afghanistan. 

 

          - La Russie peut se targuer d'une influence passée dans la région du temps où l'URSS comprenait l'Asie Centrale. Elle a le même souci sécuritaire que la Chine mais elle aura sans doute une moindre part du gâteau minier. 

 

          - L'Iran apprécie sans doute peu l'arrivée au pouvoir d'une puissance sunnite qui peut être instrumentalisée par l'Arabie Séoudite pour l'encercler mais elle fera contre mauvaise fortune bon coeur en s'efforçant de protéger les chiites locaux (les Hazaras) et en cherchant à éviter d'être débordée par un afflux de réfugiés. 

 

          - Le Pakistan triomphe mais "à vaincre sans péril...". Le gouvernement de ce pays aurait quand même tout intérêt à se méfier du soutien éventuel que les talibans afghans pourraient apporter aux talibans pakistanais. La marionnette peut prendre vie. Le Qatar, l'Arabie Séoudite et la Turquie se réjouissent aussi mais, de toute façon, ils sont loin.

 

          - La question que tout le monde se pose est : pourquoi Trump puis Biden ont-ils lâché l'Afghanistan ? La réponse est simple : ils se sont rendus compte que ce pays était "non essentiel". Ils préfèrent concentrer leurs efforts en direction de la Chine leur nouvel ennemi mondial. Il semble qu'ils aient obtenu l'engagement ferme, de la part des talibans, que ceux-ci n'accorderont aucune aide aux islamistes qui voudraient s'en prendre aux intérêts américains. 

 

          - Les talibans vont-ils vouloir appliquer la charia dans toute sa férocité ?  Ou bien vont-ils être assez intelligents pour comprendre que la clé de leur réussite est la satisfaction des besoins basiques de la population. Ce n'est pas gagné car un idéologue reste un idéologue. 

 

     Reste une interrogation. On constate que les régimes théocratiques ont très rarement été le fait de religieux chrétiens. Calvin a bien essayé d'en constituer un à Genève ; on peut, aussi,  évoquer les ordres militaires religieux comme les Chevaliers Teutoniques mais, sinon, le civil a toujours prédominé face au religieux. Inversement et ironiquement, ce sont des anti-chrétiens qui ont mis en place des régimes quasi théocratiques ; tout particulièrement à l'époque de Staline ou de Mao et, sur le bord opposé, avec Hitler. 

 

     Par contre, la tentation théocratique est permanente dans l'islam. Je ne développe pas ici mais il y a là un vaste sujet de réflexion. Une piste quand même. Le christianisme primitif ne s'est pas imposé par la force des armes ; au contraire, Jésus et ses principaux disciples ont été condamnés à mort et exécutés. Cette religion a été, pendant longtemps, minoritaire voire persécutée. Il a fallu attendre environ 3 siècles pour qu'elle devienne religion officielle d'États ayant déjà leurs propres lois : Arménie, Géorgie, Éthiopie, empire romain. Inversement, Mahomet, chassé de La Mecque, est revenu par la force militaire, dans sa ville d'origine.  Dès le début, c'est l'islam qui est la base des lois dans les États dirigés par les musulmans ; d'ailleurs le "calife" est chef religieux autant que souverain civil. Cette conception de la primauté du religieux est encore fort prégnante dans le monde musulman ; l'État islamique ne prétendait-il pas vouloir restaurer le "califat" aboli par Atatürk. 

 

 

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9 février 2021 2 09 /02 /février /2021 19:47

     Un ami m'a envoyé le texte de cet entretien réalisé il y a environ 2 semaines. Avant de le résumer (car je ne pense pas pouvoir le publier in extenso), je ferai une petite présentation de l'auteur. Et, auparavant, je vous rappelle tous les textes antérieurs concernant ce sujet que vous trouverez dans la rubrique "Politique et religion" : http://gerard-fretelliere.over-blog.com/tag/politique%20et%20religion/

 

     Philippe Portier est un politologue français qui est directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, titulaire de la chaire "Histoire et Sociologie des laïcités" et directeur du laboratoire "Groupe Sociétés, Religions, Laïcités" du CNRS. Je n'indique pas tout son curriculum vitae que vous pourrez trouver sur Internet mais il s'agit donc d'un spécialiste reconnu des laïcités. Selon Wikipedia, il définit la laïcité comme "tout régime de droit dans lequel la liberté de conscience, déployée en liberté de croire ou de ne pas croire, se trouve garantie par un État neutre à l'égard de toute conception du bien", ce qui est un peu différent de la conception française mais a l'avantage de pouvoir s'appliquer à des pays ayant des histoires fort différentes. 

 

     Revenons à cet entretien.

 

     Il commence par parler de renversement : la tendance "assimilationniste" l'emporte désormais sur une vision "multiculturelle" de la société. Résultat : une volonté de régulation plus autoritaire du religieux. Même si je ne suis pas totalement convaincu par cette dichotomie, je partage, par contre, totalement sa conclusion. "La laïcité, initialement conçue dans l'esprit de Briand et Jaurès (les concepteurs de la loi de 1905), comme un régime de protection des libertés, se voit transformée en instrument de contrôle des conduites et des croyances religieuses, au nom des valeurs que l'État définit". Et il enfonce le clou en parlant de "conception organique de la société" : "On enjoint à chacun d'adhérer à un socle de valeurs préalables dont on ne cesse de rappeler qu'elles constituent une culture partagée s'imposant à tous". Et il constate que cette conception se retrouve implicitement ou explicitement, partout dans le texte proposé aux parlementaires. 

 

     Avec la loi de 1905, comme avec la loi de 1901 sur la liberté d'associations (hormis en ce qui concerne les "congrégations religieuses), comme avec la loi de 1884 sur la liberté de la presse, la liberté était le principe et l'interdit l'exception dans le droit fil de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. L'auteur considère que c'est désormais l'inverse et que cette conception très libérale (parenthèse : pour moi, le mot "libéral" n'est pas un gros mot quand il est pris au sens propre) des libertés est mise en cause gravement. Ainsi : "le texte comporte une quarantaine d'obligations ou d'interdictions inédites et aucun droit nouveau" (à une exception près qu'il indique : celui concernant les immeubles possédés par les associations cultuelles). Beaucoup de libertés publiques se trouvent affectées : "les restrictions concernent les élus locaux, les associations (et pas seulement "cultuelles"), les écoles privées, les familles, les personnes (comme l'indique la volonté de légiférer sur le port de signes religieux en dehors de l'administration publiques)". J'y ajouterai la liberté de la presse (au sens large de ce mot).

 

     Je voudrais revenir sur ce qui est dit concernant l'habillement. Des parlementaires de droite ou macroniens veulent étendre considérablement l'interdiction des "signes religieux". Est-ce qu'ils se rendent compte de leur bêtise ? En effet, comment feraient alors les prêtres, religieux et religieuses qui circulent "en habit" ou les juifs avec une kippa. A vouloir viser les musulmans, on touche bien d'autres catégories. 

 

     J'en profite pour vous signaler deux autres textes parus, eux, dans "Le Monde". L'un est de Mario Stasi dont il est dit que c'est la premier président non juif de la Ligue Contre le Racisme et l'Antisémitisme. Il s'agit d'une tribune qui donne une vision apocalyptique du "séparatisme" musulman ; bien évidemment, il salue la loi mais, par contre, n'en livre aucune analyse. Nul ! Un autre émane d'individus généralement classés à gauche dont un ancien ministre, Henri Pena-Ruiz et Bernard Teper (je cite ces deux derniers car j'ai été collègue du premier et que j'ai rencontré l'autre - "bouffeur de curés" obsessionnel - au cours d'une réunion publique ; voir : http://gerard-fretelliere.over-blog.com/2019/09/islamophobie.html). La tonalité est différente : avant un petit couplet, tout à fait correct, concernant l'absence de mesures pour favoriser l'égalité sociale, les auteurs considèrent que le gouvernement a pour but de favoriser l'enseignement catholique. C'est assez original et plutôt "décalé". 

 

     Pour finir : la laïcité à la française expliquée en quelques phrases : http://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/10/qu-est-ce-que-la-laicite.html

     

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5 février 2021 5 05 /02 /février /2021 12:02

     Les protestants français, héritiers d'une longue histoire minoritaire, sont particulièrement attachés aux libertés et, plus particulièrement à la liberté religieuse. Ils ont, donc, fait partie de ceux qui ont approuvé la loi de 1905 dit "de séparation des Églises et de l'État" car ils craignaient par dessus tout l'emprise de la religion catholique sur le pouvoir. Et ils sont tout autant opposés à une intervention du pouvoir politique dans le fonctionnement de leurs Églises.

 

     Comme je l'ai indiqué dans un précédent article, ils sont très divers (voir : http://gerard-fretelliere.over-blog.com/2020/11/l-etat-peut-il-s-immiscer-dans-le-fonctionnement-des-religions.html). On peut, néanmoins, les regrouper en deux catégories. D'une part la Fédération Protestante de France qui rassemble les Églises "historiques" (celles qui ont accepté les "lois organiques" imposées par Napoléon 1er) de tradition réformée ou luthérienne ainsi que des Églises plus récentes de tradition évangélique ou des Églises s'étant détachées des réformés "historiques". D'autres part, des Églises évangéliques de diverses traditions qui sont restées à l'écart et défendent jalousement leur indépendance.

 

     La Fédération Protestante de France a réuni son assemblée générale le 30 janvier 2021. Celle-ci a pris vigoureusement position contre le projet de loi "confortant le respect des principes républicains" avec des arguments solides que vous trouverez résumés ici :  https://www.protestants.org/articles/67406-plaidoyer-contre-le-projet-de-loi-le-protestantisme-alerte-et-conteste. On peut espérer que les députés et sénateurs seront sensibles à ces arguments. 

 

     

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28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 11:02

     Je m'inquiétais du silence de la Ligue des droits de l'Homme et d'autres organisations au sujet de cette loi liberticide. Mieux vaut tard que jamais : une tribune collective vient d'être publiée dans "le Monde". Le texte aurait mérité d'être parfois plus tranchant mais l'essentiel est écrit et l'accent est bien mis sur la mise en cause des grandes libertés votées il y a un peu plus de 100 ans. On peut espérer que d'autres associations, mouvements et syndicats se joignent à ce texte. Je pense, entre autres, à la CFDT, à l'UNSA, à FO, à d'autres syndicats étudiants et à la coordination des associations citoyennes (animée par un Sarthois que ,je connais et apprécie : Gilles Rouby).

 

     Il s'agit d'un premier pas. Il s'agit, désormais, d'élargir la mobilisation et, surtout, de faire pression sur les députés de la majorité pour qu'ils ne durcissent pas le texte mais, au contraire, en suppriment tous les éléments dangereux. 

 

     Pour ceux qui auraient du mal à lire ce texte, je vous indique le lien : https://www.ldh-france.org/le-27-janvier-2021-tribune-collective-ne-jouons-pas-avec-la-republique-publiee-dans-le-monde/. Voir aussi : https://www.ldh-france.org/18-janvier-2021-tribune-collective-associations-presumees-coupables-publiee-sur-franceinfo/

     

Tribune collective à l’initiative de la LDH, concernant le projet de loi « confortant le respect des principes de la République », publiée dans LE MONDE

Nous sommes profondément attachés aux grands principes qui fondent notre République – la liberté, l’égalité, la fraternité – avec les droits et les libertés qui en découlent, traduits dans nos textes constitutionnels, nos normes juridiques et nos engagements internationaux. La laïcité, telle que la loi de 1905 l’organise, est un des cadres qui permet de mettre en œuvre ces principes. En ce sens, elle fait partie de notre patrimoine commun.

L’Etat en est le garant et c’est à ce titre que nous sommes exigeants pour que soient, partout, pour toutes et tous, combattues et corrigées les injustices et les inégalités qui frappent une large partie de la population vivant en France. La responsabilité des pouvoirs publics est première face aux carences et aux défaillances constatées qui perdurent et s’accroissent. Le président E. Macron a lui-même reconnu que l’Etat a été insuffisant dans l’application et le contrôle des textes existants et ne remplit pas pleinement ses promesses. Cette situation alimente des sentiments d’abandon, de la défiance et des replis avec des tensions sociales fortes qui nous inquiètent. L’ensemble met en péril la paix civile et l’unité de la communauté nationale.

En dépit de son titre, le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » présenté par le gouvernement, ne retient dans son texte aucune mesure positive en faveur de l’égalité des droits.

Le pouvoir en place cherche au contraire à imposer sa vision de la République dans une approche exclusivement sécuritaire et répressive. La philosophie politique qui sous-tend cette logique s’inscrit en rupture avec l’approche démocratique de la République. Il ne s’agirait plus d’obéir aux lois et de les respecter, mais d’y adhérer sans réserve, sans esprit critique ni distance possible.

Présentée par le Premier ministre comme une loi de liberté, elle n’impose que des interdits, de nouveaux délits pénaux et des contrôles de toute la population. Ce projet, dans la lignée d’autres tout aussi liberticides dont celui relatif à la sécurité globale, est dangereux car il franchit une ligne rouge en prenant le risque de rompre l’équilibre historique trouvés des grandes lois laïques de 1882, de 1901 et de 1905.

Les principes fondamentaux posés de liberté d’instruction, de liberté des associations, de liberté de culte et de conscience seraient substantiellement modifiés par de nouvelles restrictions pour toutes et tous, salarié-e-s, parents, adhérent-e-s associatifs… Seraient aussi restreintes la libre administration des collectivités territoriales, avec un retour d’une tutelle de l’Etat central, ainsi que la liberté d’expression et de la presse par une entorse à la loi de 1881, la création d’un délit d’intention et d’une responsabilité collective pour les associations. Nous ne pouvons imaginer que soit imposée à ces dernières l’obligation générale d’agir pour la « sauvegarde de l’ordre public » comme envisagée dans la charte d’engagement dont la signature conditionnerait toute subvention publique et qui est de nature à brider le rôle de contre-pouvoirs qui leur revient dans une société démocratique.

De nombreuses voix de tous bords s’élèvent pour s’inquiéter de ce projet de loi qui est loin de faire consensus. Des institutions nationales et internationales alertent également sur ces graves reculs possibles.

Les mesures envisagées par le flou des obligations qui seraient créées ou par les contraintes posées ouvrent à l’arbitraire, aux discriminations et aux tensions. En dépit de précautions formelles, ce projet porte en lui les germes de la division avec la stigmatisation de l’islam et de ses pratiquants. L’exposé des motifs est explicite en visant « un séparatisme » et « un entrisme communautaire » « pour l’essentiel d’inspiration islamiste » et en ciblant en conséquence les structures d’exercice du culte et toutes les personnes de confession musulmane partout où elles sont.

Le risque est grand d’ouvrir une boite de Pandore à tous les extrémismes. Déjà, nombreux élus et parlementaires annoncent leurs intentions de le durcir encore et de rajouter des mesures clairement défiantes envers une partie de la population en raison de sa religion.

Nous considérons que l’arsenal juridique aujourd’hui en vigueur est largement suffisant pour lutter efficacement contre le terrorisme, contre les intégrismes de tous ordres lorsqu’ils invoquent un motif religieux pour s’affranchir des lois de la République qui s’imposent à toutes et tous, qu’elles punissent ou qu’elles protègent.

L’engagement de l’Etat pour le respect des principes de la République passe par un redéploiement des services publics qui ne laissent aucun territoire, aucun quartier, aucune population de côté et une action concrète globale contre les ghettos urbains qui enferment et assignent à résidence. Il n’y aura pas de mobilisation réelle contre les dérives sectaires sans une lutte contre les inégalités persistantes entre les femmes et les hommes, contre toutes les exclusions, les discriminations et le racisme. Elles reposent sur une justice et une police qui traitent chacune et chacun de manière égale avec des efforts de formation conséquents. Elles imposent des actions fortes et des moyens pour un égal accès à l’éducation, à la culture, à l’emploi et un soutien accru aux acteurs associatifs et sociaux qui interviennent au quotidien pour accompagner et développer des projets individuels et collectifs qui aident à faire société dans la diversité de ses composantes.

Nous croyons en la force de la République et de la démocratie, en la puissance de l’Etat de droit et de la laïcité. Plutôt que de les dévoyer et de les affaiblir, nous appelons solennellement le gouvernement à retirer ce projet de loi et à agir vite et fort pour rétablir la confiance et les ambitions de notre idéal républicain dans les faits.

 

Paris, le 27 janvier 2021

Premiers signataires : Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; Nathalie Verdeil, secrétaire confédérale de la Confédération générale du travail (CGT) ; Benoit Teste, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU) ; Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France (Saf) ; Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature (SM) ; Mélanie Luce, présidente de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) ; Murielle Guilbert, co-déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires ; Mehmet Ali Boduk, président de L’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort) ; Raphaël Pradeau, porte-parole national d’Attac ; Emmanuel Poilane, président du Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid) ; Mohieddine Cherbib, président du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie  (CRLDHT) ; Carla Dugault et Rodrigo Arenas, co-présidente et co-président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) ; Faycal Ben Abdallah, président de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux Rives (FTCR) ; Karl Ghazi, co-président de la Fondation Copernic ; Christian Eyschen, secrétaire général de la Libre pensée ; Albert Herszkowicz, président du Mémorial 98 ; Jean-François Quantin, co-président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) ; Sarah Durocher, co-présidente du Planning familial ; Dominique Sopo, président de SOS Racisme

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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