Le don aujourd'hui
Nicolas Journet
Sciences Humaines N° 198 - Novembre 2008
« Le don représente dans la société française contemporaine une grandeur approximativement équivalente aux trois quarts du PIB. » Cette étonnante évaluation faite par l’économiste Ahmet Insel n’est pas une plaisanterie, mais elle ne signifie pas que les Français dépensent l’essentiel de leur énergie en cadeaux de Noël (1). Ce n’est pas non plus une tentative pour mesurer l’ampleur de phénomènes comme la gratuité sur le Web, les cadeaux d’entreprises, ou les seuls dons caritatifs ou humanitaires. Non, le don auquel il pense embrasse tous les transferts de temps, d’énergie et d’argent « qui ne sont pas régis par le marché » et peuvent être considérés comme volontaires. Ainsi défini, le domaine du don, explique A. Insel, se répartit en deux cercles, du fait des méthodes de recueil des données. Il y a, d’un côté, le cercle des ménages, et, d’autre part, ce qui circule entre ces derniers. Or, c’est dans le ménage que réside le « noyau dur » du don sous la forme du travail domestique qui, tout en étant « gratuit », n’en est pas moins productif : une évaluation ancienne (1985), mais considérée comme inchangée en 1999, estimait à 47,3 milliards d’heures par an le travail domestique des Français, accompli à 80 % par des femmes. La même année, le travail rémunéré [...]
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