J’ai donc eu envie de relever ce défi.. Ayant besoin d’un thème digne d’intérêt et gardant toujours une Bible
à proximité, j’ai choisi la GENESE. et j’ai pu mettre en exergue, les références exactes de chaque Sonnet.
En effet c’est difficile, mais on se prend au jeu, et une fois passé les premiers sonnets, le jeu de reprise du dernier vers,
qui se place en tête du sonnet suivant, devient un peu un automatisme.
Cette Couronne de Sonnets intitulée “Le huitième jour “ a obtenu “Le Prix de La Toison D’or “ en 2003. Prix de Poésie assez
recherché.
J’espère que vous aurez plaisir à lire mon interprétation des premiers jours de la création, ou tout au moins quelques extraits.
Denise Bernhardt
Sociétaire des Poètes Français
Société des Gens de Lettres
en PJ la définition de cette forme fixe de poèsie.
Couronne de sonnets
La Couronne de sonnets est une forme ancienne .Peu de poètes l'ont pratiquée , car très difficile à réussir à la perfection, d'où sa rareté.
*Caractéristiques :
a - La couronne de sonnet se compose de 15 sonnets ( Le dernier est dit : maître )
b - Le dernier vers du premier sonnet est intégralement repris pour servir de premier vers du deuxième sonnet ; et l'on continue ainsi ...( dernier vers d'un sonnet = premier vers du suivant )
c - Le premier vers du premier sonnet est repris tel quel comme dernier vers du 14ème sonnet.
d - Le quinzième sonnet ( = Sonnet Maître ), se compose du premier vers de chacun des quatorze sonnets de la couronne.
Que la lumière soit et la lumière fut! Genèse 1.3
I
L'Esprit de Dieu flottait silencieusement
Le monde sommeillait, muet était le Verbe.
On ignorait encore les âpretés de l'herbe,
Et l'homme n'avait point foulé son élément.
La terre suspendue offrait son dénuement;
Masse informe roulant au gré du vide acerbe
Où la ténèbres lourde étendait sa superbe,
Rêvant d'aubes jaspées drapant le firmament.
Comme une onde légère apparut la lumière,
Dans l'espace effleuré, montait une prière
Présageant de la vie, que répandrait le jour.
Et ce fut le matin et la première nuit.
Le regard bleu des eaux quittait l'obscure séjour
Contemplant l'univers en quête d'harmonie.
"Qu'il y ait une étendue entre les eaux "Genèse 1.6
II
Contemplant l'univers en quête d'harmonie
Dieu alors sépara, les eaux d'avec les eaux
La terre se taisait en attente d'oiseaux,
Sous la voûte azurée qu'elle savait infinie.
L'étendue se paraît de mauves symphonies,
De l'aurore naissante aux soirs tristes et beaux,
Tandis que frissonnait le souffle des roseaux
Ciselant les étangs d'ombres indéfinies.
Les eaux se confondaient au loin avec le ciel,
Dans la respiration du courant matriciel
Né de l'enfantement diapré des profondeurs.
Alternance de l'aube au courant réunie,
Le monde en devenir louait le créateur,
Devant l'éternité que le temps nous dénie.
"Que la terre produise de la verdure" Genèse 1.11
III
Devant l'éternité que le temps nous dénie
Dieu rassembla les eaux en un lieu doux-amer,
Et le sec apparu séparé de la mer
Où le roc se dressa, tel une épiphanie.
Généreuse nature aux formes inouïes,
Prodiguant tous ses dons au divin magistère,
Les herbes, les arbres surgirent de la terre
Apothéose verte aux sèves éblouies.
Comme un secret jaloux dans un cœur en dormance
Chaque espèce portait en elle sa semence,
S'inscrivant tour à tour dans la pérennité.
Connaîtrons nous jamais, l'espace d'un moment
La Geste créateur dispensant sa Bonté
Pour un délire d'homme épris de firmament.
"Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel" Genèse 1.14
IV
Pour un délire d'homme épris de firmament,
Jaillirent du néant des ruisseaux de soleil
Des poussières d'étoiles et des astres pareils,
Eclairant l'étendue des nuits, infiniment.
Le cosmos tout entier se mit en mouvement,
L'univers ressembla tiré d'un long sommeil
A ces fleuves en crue que grise leur éveil
Dans le vertige pur de leur scintillement.
L'ordre avait succédé au chaos initial,
Les planètes rythmaient l'espace sidéral
Et la respiration de la céleste horloge.
Le soleil diffusait un doux rayonnement
La lune chaque nuit, déclinait son éloge,
Ainsi le monde nu, trouva son fondement.
"Dieu créa les grands poissons, aussi tout oiseau ailé" Genèse 1.21
V
Ainsi le monde nu, trouva son fondement
La vie se déploya portée par la lumière,
Les poissons vif-argent filaient l'onde première
En se multipliant prodigieusement.
Le royaume des airs s'ouvrit en un instant
A des nuées d'oiseaux striant toute la terre,
Survolant les sommets de la montagne austère
Les rapaces planaient majestueusement.
Dans les eaux fécondées scintillait la laitance
Descendant lentement en un nuage dense
Vers les fonds sablonneux aux courants nourriciers
Tandis que les oiseaux s'affairaient près des nids
Habiles couturiers ou patients liciers,
Dieu étant l'Officiant de la cérémonie.
"Que la terre produise des animaux vivants. Genèse 1.24
VI
Dieu étant l'Officiant de la cérémonie
Paracheva Son œuvre en peuplant les forets
Les mouvantes prairies, les vals et les marais
D'espèces composant l'auguste symphonie.
Un caravansérail, où furent réunies,
Les pattes élancées, les fourrures moirées
Les écailles polies, les griffes acérées
Vivantes profusions, vastes polyphonies.
Cependant un regard planait sur cet ouvrage,
Dieu rêvait d'un reflet exaltant son image,
Pour que l'œuvre accomplie ne le fut pas en vain.
Au mystère essentiel l'Eternel nous convie:
Sur un peu de limon, soufflant l'Esprit divin
Il fit l'homme et la femme en glorifiant la Vie.
"Dieu créa l'homme à son image….il créa l'homme et la femme" Genèse 1.27
VII
Il fit l'homme et la femme en glorifiant la Vie
Puis Il se recueillit à l'ombre bleue du soir
Dont le rayonnement paisible d'ostensoir
Irradiait le silence et l'espace à l' envie.
Divines proportions, de la glaise asservie,
L'antique Nombre d'Or, l' alchimique savoir
Transmis au fil du temps, a ceux qui pourraient voir
Le secret de la pierre enfouie dans les parvis.
Adam ouvrit les yeux qui se remplirent d'âme;
Voyant à son côté les douceurs de la femme,
Il su qu'ils étaient UN et lui ouvrit les bras.
Car le Geste initial fut émerveillement
Si pur, si innocent, que Dieu le consacra,
Sanctifiant la Genèse en son commencement.
"Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia" Genèse 2.3
VIII
L'Eden
Sanctifiant la Genèse en son commencement
Il fit régner la paix, l'ordre, la tolérance,
On ignorant alors le sens du mot "souffrance"
Et la peur demeurait loin de l'entendement.
Tout n'était que bonheur, douceur, apaisement,
Les hommes vivaient nus, mais vêtus d'innocence,
Protégés du savoir et de la connaissance.
La mort n'existait pas, non plus que son tourment.
Dieu bénit les pairies et les moissons futures
Les vents et les nuées, toutes les créatures,
L'orgueilleuses forêt jusqu'aux humbles rameaux.
Répandant Son amour, Il étendit les mains;
De la geste sacrée, Il enfanta les mots
Pour nous léguer enfin de vivants parchemins.
IX
Le Choix
Pour nous léguer enfin un vivant parchemin
Il transforma la terre en un vert Paradis
A l'enivrant parfum de roses de Saadi,
Aux fruits délicieux, d'un soleil magicien.
Dans une apothéose au milieu du jardin
Deux arbres se dressaient sombres comme un édit
L'un messager de Mort, l'autre porteur de Vie,
Un serpent maléfique en était le gardien.
De ce fait, Dieu offrait la décision suprême
Aux hommes indécis, "Vois combien Je t'aime,
La liberté de choix constitue ta grandeur."
Pourtant ce fut le mal qui séduisit l'humain,
L'Eternel eut pitié, et saisi de douleur,
Il déposa Son sceau dans le creux de nos mains.
X
Le Bien et le Mal
Il déposa Son sceau dans le creux de nos mains
Avant de fermer le Grand Livre du Monde
Qu'Il bénit par sept fois, liant la bête immonde
La privant de pouvoir jusqu'aux Temps de la Fin.
Comment imaginer les sombres lendemains,
Où les hommes issus de la terre féconde,
Formant sur la planète une infernale ronde
Y sèmeraient l'ivraie bien plus que le bon grain
Parce que toute vie est porteuse de mort,
Que le moindre bonheur secrète le remord
Et que toute clarté présage de la nuit.
Dieu ne voulu point nous laisser sans recours
A ce funeste sort Son regard s'attendrit,
Faisant naître en son cœur, la flamme de l'amour.
XI
Le Don de l'Amour
Faisant naître en nos cœurs la flamme de l'amour
Le don mystérieux, la source adamantine,
Le ciel devenant bleu, la ramure églantine,
La lumière ruisselant de l'espace à l'entour.
Ce sentiment si fort qu'il nous prend sans détour,
Pour un geste ébauché, une moue enfantine,
Un regard caressant la bouche purpurine,
Les âmes éperdues s'égarent sans retour.
L'amour, la seule arme et l'unique défense
Contre la nuit amère où sombre la souffrance,
Le feu qui nous consume en la même douceur.
La Sourire de Dieu, fut comme un jour d'été,
Mais Son Front tout à coup devint triste et songeur
Puis nous fûmes plongés dans les eaux de Léthé.
XII
L'Oubli
Puis nous fûmes plongés dans les eaux du Léthé.
Et l'homme s'éveilla dans la forêt première,
L'Eden n'existait plus, ni la rose trémière
Les ombres répandaient leur pâle nudité.
Des regards terrifiés fixaient l'immensité
Ponctuée de l'éclat d'étoiles serpentaires.
Dans l'espace désert, des êtres solitaires
Survivaient inconscients de leur identité.
Des primates debout, ils prirent l'apparence
Dieu avait-Il ici nié Sa ressemblance.
L'animal pour toujours s'inscrivait dans l'humain.
Bien des millions d'années ont accompli leurs cours,
Du tendre Paradis, s'est perdu le chemin
Depuis lors nous cherchons au fil ténu des jours.
XIII
La Quête
Depuis lors nous cherchons au fil ténu des jours
Celui qui nous dira d'un mot ce que nous sommes
Ce vers quoi nous allons et d'où viennent les hommes
Autant d'opacités en notre amer séjour.
A la philosophie nous demandons secours.
Scrutant le ciel en vain, le savant astronome
N'a jamais expliqué notre univers en somme,
Et le vide a scandé les plus brillants discours.
Parce que la raison n'est pas la connaissance
Elle cerne le réel mais en masque le sens,
"On ne voit bien qu'avec le cœur "dit le poète*
Aux chemins de l'amour et de la vérité
Nous irons découvrir tout au bout de la quête
D'où nous vient ce désir, plein de félicité.
*Antoine de Saint Exupéry
XIV
L'idéal
D'où nous vivant ce désir plein de félicité,
Méditait le vieil homme en regardant la mer
Embrasé chaque soir d'une gloire éphémère,
D'où nous vient de si loin, l'amour de la beauté.
L'idéal est en nous; secrète volupté
Qui élève les âmes au-delà de la terre.
O se laisse porter, créatures aptères
Par le souffle sacré de la Divinité.
Ainsi pensait le Sage en sa barque fragile
Remontant lentement d'une main malhabile
Les filets bien trop lourds à la fin d'une vie.
Alors la nuit tomba sur le Commencement,
La vieil homme rêvait tandis qu'à l'infini
L'Esprit de Dieu flottait silencieusement.
XV
Sonnet Maître
L'Esprit de Dieu flottait silencieusement
Contemplant l'univers en quête d'harmonie
Devant l'éternité que le temps nous dénie,
Pour un délire d'homme épris de firmament.
Ainsi le monde nu, trouva son fondement,
Dieu étant l'Officiant de la cérémonie
Il fit l'homme et la femme en glorifiant la vie,
Sanctifiant la Genèse en son commencement.
Pour nous léguer enfin de vivants parchemins
Il déposa Son sceau dans le creux de nos mains
Faisant naître en nos cœurs la flamme de l'amour.
Puis nous fûmes plongés dans les eaux du Léthé.
Depuis lors nous cherchons au fil ténu des jours,
D'où nous vient ce désir plein de félicité.
Denise Bernhardt