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Attentats de Paris, l’onde de choc

Assauts contre les Lumières

Les religions occupent de nouveau une partie substantielle du débat public alors que la philosophie des Lumières affronte des critiques radicales, y compris de la part de penseurs progressistes. Ne serait-il pas temps de revisiter une pensée fondatrice de la démocratie et de la République ?

«Comment conjoindre la liberté d’expression des caricaturistes et l’interdiction dans les écoles du port du voile, qui participe de l’expression de l’identité ? », écrit le sociologue Hugues Lagrange. Sans entrer dans le débat sur le port des signes religieux, ce type de comparaison traduit une confusion philosophique majeure. En effet, il place sur le même plan des pratiques qui relèvent de l’exercice de la raison et des comportements qui expriment une foi.

Pilier du mouvement philosophique du XVIIIe siècle connu sous le nom de Lumières, la distinction entre raison et foi a contribué à fonder l’idée démocratique venue de l’Antiquité dans nos institutions. Non pas que les philosophes concernés aient été d’irréductibles mécréants. Si Diderot et d’Alembert étaient athées, Voltaire et Condorcet étaient déistes. Cela signifie simplement que, tout en reconnaissant le rôle des croyances et des passions, qu’elles laissent libres de s’épanouir dans la vie privée, les Lumières distinguent la raison en ce qu’elle est le seul mode de connaissance commun à tous les humains et qu’à ce titre elle seule permet de construire un espace public pacifique. Comme le rappelle l’historien Zeev Sternhell, elle unit quand les croyances et les « identités » séparent.

Les Eglises chrétiennes
toujours en pointe pour réclamer la censure

En 2014, cet acquis des Lumières ne va plus de soi au sein d’une Europe gangrenée par le doute et la peur (du chômage, du dérèglement climatique, etc.). Dans des sociétés capitalistes où l’idéal communiste s’est effondré, les religions se présentent comme le « supplément d’âme d’un monde sans âme ». Ce faisant, elles sont parvenues à quitter la sphère des croyances particulières pour venir s’asseoir à la table du progrès universel, où elles tentent de l’emporter sur les autres courants spirituels. En témoigne la référence aux « héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe » insérée dans le préambule du traité de Lisbonne en 2008. Cette formule, qui renvoie aux valeurs fraternelles (...)

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Anne-Cécile Robert

Dossier Attentats de Paris, l’onde de choc

Dans une accélération saisissante, les tueries de Paris, puis la mobilisation massive qui a suivi, ont fait émerger deux dynamiques, deux analyses opposées. L’une propose d’intensifier les bombardements à distance et, au nom de la sécurité, de sacrifier certaines libertés publiques. L’autre préfère insister sur les bouleversements du monde, (...)

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