Les Républicains veulent torpiller l’accord avec l’Iran

Salué d’un bout à l’autre de la planète, l’accord intervenu jeudi soir, à Lausanne, sur le programme nucléaire iranien, a été dénoncé de façon prévisible en Israël, mais aussi à… Washington. Dans le clan républicain, mais aussi par nombre d'élus démocrates sensibles au discours israélien. Une question de stratégie électorale.

Philippe Paquet
Les Républicains veulent torpiller l’accord avec l’Iran
©Photonews

Salué d’un bout à l’autre de la planète, l’accord intervenu jeudi soir, à Lausanne, sur le programme nucléaire iranien, a été dénoncé de façon prévisible en Israël, mais aussi à… Washington, où la majorité républicaine au Congrès envisage de le bloquer - un projet de loi est d’ores et déjà déposé au Sénat. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, rappelons-le, était venu convaincre en personne les élus républicains, le mois dernier, que la négociation avec Téhéran était la pire des choses qu’on puisse imaginer.

"Israël exige que tout accord final avec l’Iran inclue une reconnaissance iranienne claire et sans ambiguïté du droit à l’existence d’Israël", a déclaré vendredi M. Netanyahou dans un communiqué. Il y réaffirme la nécessité d’accroître la pression sur l’Iran pour obtenir un meilleur compromis que l’accord d’étape auquel Téhéran et les grandes puissances sont parvenus jeudi.

"Certains disent que la seule alternative à cet accord, c’est la guerre", explique le chef du gouvernement israélien, reconduit il y a peu dans ses fonctions après des élections que son parti a remportées à la surprise quasi générale. "Ce n’est pas vrai. Il y a une troisième possibilité : rester ferme, accroître la pression sur l’Iran jusqu’à ce qu’on parvienne à un bon accord."

Peu de garanties

Et Benjamin Netanyahou d’ajouter : "Israël n’acceptera pas un accord qui permettrait à un pays qui promet de nous détruire de développer des armes nucléaires." Or, en l’état actuel, estime le Premier ministre, l’accord de jeudi ne force l’Iran à fermer aucune de ses installations, à ne détruire aucune centrifugeuse, et à n’abandonner aucune des recherches menées pour mettre au point des centrifugeuses plus perfectionnées.

Dans son opposition, M. Netanyahou peut escompter un soutien de poids : celui du Congrès américain. Après la visite du Premier ministre à Washington, une cinquantaine d’élus républicains, dont plusieurs candidats potentiels à l’élection présidentielle de 2016, avaient pris la singulière initiative de diffuser une lettre ouverte aux dirigeants iraniens dans laquelle ils rappelaient le pouvoir des parlementaires de réduire à néant les accords conclus par l’exécutif. A Téhéran, l’ayatollah Khamenei avait réagi en stigmatisant la "fourberie" des Américains.

Les Républicains ne sont, toutefois, pas seuls à s’opposer à un rapprochement avec l’Iran, même si, chez eux, la détermination est renforcée par le besoin instinctif de torpiller tout ce que Barack Obama essaie d’accomplir. Nombre d’élus démocrates sont également sensibles au discours israélien et, à la veille d’une nouvelle et difficile campagne électorale, peu d’entre eux sont prêts à prendre le risque de s’aliéner le vote juif.

Une fausse bonne nouvelle

La Maison-Blanche pouvait trouver paradoxalement un motif de se réjouir dans les déboires du sénateur démocrate du New Jersey Robert Menendez qui, sous le coup d’un procès pour corruption, a dû démissionner de son poste de chef de file des Démocrates au sein de la très influente commission des affaires étrangères du Sénat. Menendez parraine, en effet, avec le président de la commission, le sénateur républicain du Tennessee Bob Corker, un projet de loi qui obligerait le président Obama à obtenir le feu vert du Congrès pour appliquer un accord nucléaire avec l’Iran. Son éviction pouvait donc ressembler à une bonne nouvelle. Las ! Le Démocrate qui a succédé à Menendez, Benjamin Cardin, paraît tout aussi bien disposé que lui à l’égard d’Israël.

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