France de Riga est dédié
à mon ami Francis Planque
avec qui, pendant des années,
on s’est raconté
l’histoire de France de Riga.
Séraphine
Le contexte historique
Sur
les routes encombrées, ils se déroulent en longues files,
hommes, femmes, enfants, vieillards, pressés de gagner la frontière.
Ils n’osent s’arrêter aux auberges de peur d’y être
retenus prisonniers et assiègent les relais de poste pour y réclamer
des chevaux.
C’est le moment où l’on part comme on peut, les riches
dans leurs carrosses, les moins fortunés par le coche, d’autres
en charrette ou en fiacre, voir même à pied, un bâton à la
main, quelques chemises de rechange nouées dans un mouchoir à l’épaule.
Dans ces véhicules surchargés de bagages s’entassent
des familles éplorées.
Les mille accidents qui arrivent en chemin, les chevaux qui crèvent
sous la fatigue, essieux brisés, roues embourbées, voitures
versées, donnent à cette fuite générale l’aspect
d’une déroute.
A la suite des nantis, les fournisseurs eux-mêmes se décideront à passer à l’étranger pour rejoindre leur clientèle qu’ils croient encore en possession de ses biens, toujours disposée à la dépense et qu’ils trouveront si misérable, si dépourvue de tout que des grandes dames et nobles seigneurs auront dû se résoudre à travailler pour vivre.
Les
lois révolutionnaires se succèdent avec une implacable
rigueur contre les émigrés :
- Elles confisquent leurs biens (22 décembre 1789),
- les condamnent à la peine de mort (9 novembre 1791),
- les atteignent s’ils reviennent en France (23 octobre 1792),
- les punissent également s’ils n’y sont pas rentrés
(23 mars 1793).
- Ces lois n’épargnent ni les femmes, ni les enfants (15 août
1792)
- et s’exercent sur ceux-ci à partir de 10 ans (23 octobre
1792).
- Elles poursuivent les émigrés jusque dans leurs parents
(7 décembre 1793),
- Brisent les liens de la famille en déclarant le mariage dissous
de plein droit pour cause d’émigration (15 octobre 1794).
Le
désir de s’emparer du bien d’autrui, la crainte
d’avoir ensuite à le restituer, ont plus que tout autre motif
entretenu contre les émigrés des haines violentes.
Mais à la minute où l’on émigre, personne n’appréhende
ces misères alors impossible à prévoir. Les nobles
suivis de la noria de gens qui dépendent d’eux économiquement
ne soupçonnent pas une seconde que leur départ sonne définitivement
le glas de leur vie passée.
C’est d’un cœur léger que couturières, modistes
et marchandes de plaisir* se font "émigrettes", avec
l’espoir de trouver à l’étranger la fortune qu’on
ne peut plus réaliser en France. Quant à la durée
de l’exil, tout le monde est convaincu que l’absence sera brève
et que dans trois ou six mois on sera revenu.