Socio-Géographique du Rif

Gestart door Señor Canardo, 07/03/2010 om 23:39:02

Señor Canardo



Introduction :   

Ne disposant d’aucun document référençant toutes les tribus du Rif de manière ordonnée dans l’espace qui est le sien, nous avons entrepris, malgré le peu de cartes disponibles, de mettre en place un diagramme reflétant la réalité qui s’intitule : Tissu Socio Géographique du Rif, que l’on appellera plus communément TSG du Rif.

Le parallèle avec le mot tissu n’étant pas anodin, car au fil du temps à l’intérieure de cette région montagneuse en forme de lune s’est cousu différentes limites, le Rif étant une mosaïque tant sur le plan ethnico linguistique que socio géographique, suivant le schéma représenté par le biais du TSG.

L’objectif étant de faire un découpage précis des différents groupes qui l’occupent sur un territoire exigu d’est en ouest.

Il faut préciser, que c’est une des rares régions retrouvant sous un état concentré autant de diversité.

On distingue alors trois blocs principaux :
● Le bloc occidental avec les Jbalas occidentaux et méridionaux, les Ghomaras sur le versant méditerranéen.
● Le bloc central avec les Senhajas (ou Izenagen) et au nord de celui-ci un groupe de tribus rifaines atypique.
● Le bloc oriental avec les tribus rifaines occidentales sur les hauts reliefs et bas reliefs, dans ce bloc est inclus également les Ait

Iznassen et les tribus dites « montagnardes » qui font la jonction avec la trouée de Taza qui sépare le Rif du Moyen Atlas.

On dénombre alors : 44 tribus Jbala, 10 tribus Ghmara, 10 tribus Senhaja, 3 tribus Montagnardes, 24 tribus Rifaines et 4 tribus Ait Iznassen. Leurs superficies étant inégales.

Dans ces 3 blocs (I,II,III) émergent 5 groupes ethniques bien distincts : les Jbalas, les Ghmaras, les Senhajas, les Rifains et les Ait Iznassen.

On va donc essayer de comprendre le Rif sous trois niveaux : linguistique, géographique et historique.

1) Au niveau linguistique :

► Les Jbalas parlent un arabe montagnard dit Jebli qui dérive en divers parlers selon qu’on soit chez les jbalas méridionaux ou occidentaux ainsi qu’en juxtaposition avec d’autres groupes qui de ce fait pratiquent des formes différentes de dialecte parfois mixte.

► Les Ghmaras ont été globalement arabisés, ils parlent le jebli mais gardent des traces berbères très prononcées. A l’exception des Beni Bouzra qui parlent un berbère dit chelha buzratiya, parler qui déborde sur les Beni Selmane et les Beni Mansour.

► Les Senhajas ont un parler très proche du berbère du moyen atlas appelé chelha n tmazight, les Senhajas représentant une tâche isolée dans le Rif venue du Moyen Atlas. Ils parlent également une variante du jebli. (dans ce cas chelha signifie par déduction patois).

► Un petit groupe de 6 tribus au nord des Senhajas et à l’est des Ghmaras sont passés progressivement de leur rifain originel à l’arabe jebli, mais certaines comme Ait Iteft sont partiellement berbérophones. Targuist étant devenu un centre urbain avec une mixité jebli-senhaja-rifain.

► Les Rifains proprement dit au parler zénète, le tamazight n arrif ou le Tarifit/Tarifect vont de la moulouya jusqu’aux plus hauts sommets du Rif central, c'est-à-dire Targuist.

► Les Ait Iznassen qui parlent ce qu’on appelle la zenatiya semblable au rifain mais avec des différences consonantiques profondes.

*Sachant que dans le pré Rif sur les versants atlantiques, méridionaux et orientaux est parlé la Darija ou arabe des plaines.

Le zénète ou zenatiya se prolonge dans les parlers du moyen Altlas oriental (Ayt Warayen, Ayt Seghrouchen,Imarmouchen) et ceux des oasis sahariens (Figuig). Il est aussi parlé par les populations des montagnes au sud d’Oujda : Bni Bou Zeggou (région de Laâyoune) et Zekkara (région de Jrada).



2) Au niveau géographique :

Il faut partir du principe que la frontière du Rif géographique est le fleuve Moulouya à l’est chez les Rifains zone berbérophone, et les plaines sur le versant atlantique à l’ouest chez les Jbalas, zone où se parle l’arabe des plaines ou des parlers mixtes arabe jebli-arabe des plaines.

■ On peut considérer que les trois ensembles Ghmara-Senhaja-Groupe atypique rifain s’interposent entre les Jbalas et les Rifains, les deux grands groupes majoritaires.

■ Au-delà de la Moulouya, on retrouve les Ait Iznassen sur les monts du même nom que l’on intègre dans le groupe Rifain de part la proximité géographique ainsi que de la parenté linguistique. A noter aussi qu’il y a d’autres tribus zénètes arabisées tels que les Beni Oukil, Triffa etc… Dans la région de Figuig, de part de la frontière algérienne subsiste des parlers zénètes très proches des Ait Iznassen.

■ Les rifains est ce qu’on appelle un groupe proto-zénète dans le sens où c’est une installation qui s’est faite par poussée successive à partir de la Moulouya dès l’antiquité jusqu’au Haut Rif central.

■ Sur le versant méridional, l’on retrouve 3 tribus dites Montagnardes : Jbarna, Meghraoua et Meknassa qui débouche sur la trouée ou couloir de Taza en pleine tribu Ghiatta qui sépare le Rif du Moyen Atlas. Ces tribus montagnardes étaient originellement berbères même les Ghiattas, Zénètes.

A savoir que le couloir de Taza est la jonction entre le Maroc oriental et occidental, mais sépare aussi le Rif du Moyen Atlas.

*Jbarna est une ancienne fraction qui faisait parti des Igzenayen avec un parler mixte arabe-berbère.

On peut considérer que les Jbalas occidentaux sont des anciens ghmaras, pour les jbalas méridionaux certains comme les Senhaja de Gheddou et de Mosbah (originellement du groupe Senhaja comme leurs noms l’indiquent) inclus dans le groupe des jbalas puisqu’ils parlent le dialecte jebli, dénotent une arabisation progressive provenant de l’ouest.

Les Jbalas méridionaux présenteraient quelques tribus dont l’origine serait senhaja mais d’autres pencheraient plutot du côté zénète tels que les Branès.

3) Du point de vue de l’histoire :

La subdivision khaldounienne des Berbères en trois grands groupes, les Senhajas (Izenagen), les Zenatas (Izenaten) et les Masmoudas (Imasmuden), correspond encore aujourd’hui à une réalité linguistique. Car la proximité linguistique est évidente entre les parlers des groupes classés par Ibn Khaldoun sous chacune de ces appellations.

Ces trois groupes sont représentés dans la chaîne rifaine, les Jbalas et Ghmaras héritiers des Masmoudas à l’ouest, les Senhajas au centre et les Rifains héritiers des Zenatas à l’est.

a- L’exemple des Zenatas est très frappant :

On est souvent étonné par l’extrême ressemblance des parlers amazighs de l’est du Rif, des Aurès (Algérie), de Djerba (Tunisie), de Ghadamès (Libye) et de Siwa (Egypte). A priori, on a du mal à expliquer le fait qu’un Rifain puisse éprouver des difficultés à comprendre un Amazighe de Zemmour (dans le moyen atlas donc proche proche du Rif) et qu’il puisse comprendre sans aucune difficulté un Amazigh de Siwa (situé en Egypte et à plusieurs milliers de Km du Rif).

Mais ce fait devient parfaitement explicable lorsqu’on sait que tous ces groupes ethniques appartiennent à l’ancienne confédération que Ibn Khaldoun désignait sous l’appellation Zenata.

Il faut dire qu’il y a quelques milliers années, les Zenatas sillonnaient les déserts de Libye et d’Egypte et ils ne se seraient installés dans les montagnes du Nord et du Nord-Ouest que depuis l’antiquité romaine, et le Maroc aurait été une terre de repli.

En effet, les Zénètes, qui habitaient principalement l’Aurès, ont dû se porter sur l’Ouest au commencement du VII° siècle, après la défaite de la Kahina par les Arabes.

b- Au sujet des Senhajas :

On peut citer parmi leurs descendants actuels les amazighs du Moyen Atlas et du Sud-est marocain, les Kabyles d’Algérie et les Zenaga (Senhaja) de Mauritanie. La parenté linguistique est également évidente entre les parlers de tous ces groupes : un amazigh du Sud-est marocain se fera plus facilement comprendre d’un Kabyle que d’un amazigh du Souss.

Les Senhaja du Haut Rif central proviennent de la coulée Nord Sud jusqu’au sahara. Ils représentent aujourd’hui une tâche isolée puisque les plaines entre le Moyen Atlas et le pré Rif ayant été arabisées très tôt.

Dans le Rif on retrouve le mot senhaja prononcé senhadja du fait que l’arabe jebli transforme les « j » en « dj » tout comme l’arabe dialectal algérien.

*Senhaja provient de l’arabisation du zenaga : ZàS et GàJ, le h muet vient s’ajouter pour la prononciation.

c- Quant aux représentants actuels des Masmoudas :

Ce n’est autre que les Chleuhs, autrement dit les amazighs du Haut Atlas occidental, du Souss, de l’Anti-atlas et du Draa. Leurs cousins du Rif sont les Ghomaras et les Jbalas. Mais le seul parler subsistant aujourd’hui chelha buzratiya est plus proche aujourd’hui du Rifain que du Chleuh.

Dans les temps anciens les Masmouda occupaient toutes les plaines du littoral atlantique jusqu’ à Bouregreg (les Barghwata), aujourd’hui ils sont complètement arabisés (ce sont les Abda, les Doukkala ...).

Le long de la côte rifaine, le fort espagnol sur une presqu’île près de Badis chez les Ait Iteft « El Peñon de Velez de la Gomera » (GomeraàGhomara) nous interpelle sur le fait que les Ghmaras s’étendaient jusqu’au Rif central. C’est pourquoi à bien des égards l’histoire du Rif est à lire dans sa toponymie.

Conclusion :

Ce qui explique logiquement la répartition géographique des 5 groupes au sein des 3 blocs d’est en ouest de la chaîne rifaine.

De part l’enclavement du Rif encore aujourd’hui et encore plus dans les temps anciens, on a du mal à croire que les différents groupes berbères qui s’y sont installés l’aient fait pour une main mise territoriale si ce n’est un accès à la mer. Mais comme par surprise cette partie de la méditerranée n’a laissé traces d’aucun comptoir notoire mis à part Sebta et Mritch qui ont été conquis et édifiés par les espagnols venant par voie maritime.

Vu les étendues qui s’offraient à l’époque et la faible population, je plaide plutôt pour le fait que cette région ait été un territoire de repli et de refuge pour les trois grands groupes berbères : Masmouda, Senhaja et Zenata, lors de la conquête arabe et de l’islamisation de l’Afrique du nord.

Ces trois groupes se sont ainsi neutralisés pendant un temps. L’arabisation des Masmoudas appelés Ghmara à l’ouest, a donné naissance à l’appellation Jbalas. A son tour, l’arabisation au contact des Jbalas a progressé chez les ghmaras retranchés sur le versant ouest méditerranéen.

Au centre certaines tribus senhaja ayant été arabisés ont basculé avec le temps dans le groupe Jbala. Il en est de même pour le groupe atypique des 6 tribus rifaines touchées par une sorte de Jeblisation, considérées rifaines pour le moment mais qui basculeront sans doute dans le groupe Jbala avec le temps.

A l’est majoritairement berbérophone, les Rifains sont dans ce qu’on pourrait appelé une zone tampon entre le Haut Rif central et la Moulouya. Dans cette zone tampon où le berbère s’est consolidé, on observe une richesse, tant au niveau lexical que de la prononciation, dans les parlers qui diffèrent au sein d’une même tribu. L’esprit de clan étant beaucoup plus marqué dans les zones berbérophones que les zones arabisées.

Une arabisation progressive venant de l’ouest, de la trouée de Taza et de l’oriental est prouvée mais son avancée est à craindre, surtout dans les milieux urbains.

Reste à expliquer comment et pourquoi le parler Rifain incontestablement zénète s’est il démarqué dans la prononciation du parler zénète commun dont le plus proche géographiquement est celui des Ait Iznassen : une idée à amorcer serait la zénétisation d’un groupe déjà présent, lorsqu’on s’aperçoit que dans le groupe des Rifains le parler change graduellement à partir de la Moulouya et ce jusqu’aux sommets du haut Rif central.

Pour l’instant, les Rifains malgré le flot d’immigrés qu’elle a fourni et qu’elle continue de fournir, est le groupe qui résiste le mieux à l’arabisation.

Au fil du temps, à défaut d’avoir une parenté généalogique entre les différents groupes berbères dispersés sur le sous continent Nord africain, le cas du Rif nous renseigne sur le fait que la parenté linguistique la supplante à coup sûre.

On peut conclure que l’aspect linguistique est le facteur déterminant pour intégrer un groupe homogène.

Interaction des 4 principaux groupes au sein de l’espace géographique compressé qu’est le Rif.



Januari 2006

Ashabar

http://www.arrif.com/Content-pa-showpage-pid-7.html

MBTiza

Dit staat ook allemaal in het boek van David Hart.

Señor Canardo

Citaat van: ElGalloNegro op 09/03/2010 om 09:50:46
Dit staat ook allemaal in het boek van David Hart.

Zou jij voor mij het gedeelte over de sociaal-geografische indeling van de Rif uit het boek van David Hart kunnnen inscannen en hier plaatsen? Dan kunnen we tenminste ook vergelijken wat betreft de sociale segmentatietechniek die men gebruikt voor de Rif...   

Señor Canardo

#3
Citaat van: ElGalloNegro op 09/03/2010 om 09:50:46
Dit staat ook allemaal in het boek van David Hart.

Aangezien onze Zwarte Haan uitblijft met zijn reactie, ben ik wederom op mezelf aangewezen....>






Blz. 70-71 is weggelaten.












Islam in tribal societies: from the Atlas to the Indus Door Akbar S. Ahmed, David M. Hart - blz. 68-76

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interessante informatie :)
3aafeg a ingnocito