Ce que nous savons et ne savons pas encore sur la SLA

04-09-2014

Auteur: Henk Maassen, Joost Visser

Rien qu'aux Pays-Bas, le défi de seau à glace a rapporté 1 million d'euros pour la recherche en sclérose latérale amyotrophique, la SLA. Leonard van den Berg, expert en SLA, raconte qu’elle est la recherche nécessaire.

Prof. Dr. Leonard van den Berg a également subi la douche froide. Mieux que les autres, il savait exactement pourquoi, parce que Van den Berg, professeur de neurologie expérimentale à l'UMC Utrecht Brain Center, est coordonnateur d’ ALS Centrum Nederland et président de la «European Network for the Cure of ALS’ (ENCALS). Il répond aux six questions sur une maladie qui, dit-il, est trop longtemps restée inconnue.

Comment commence la maladie ?

Elle est d’abord difficile à détecter, dit Van den Berg. « Une personne sur trois patients a la forme bulbaire de la maladie. Cela commence dans le tronc cérébral. Chez eux c’est plus difficile à détecter car la maladie s’annonce par des difficultés à parler. Deux des trois patients ont la forme de la colonne vertébrale, qui commence dans la moelle épinière. Ils remarquent d’abord une faiblesse de la main, ou des pieds et des jambes. »
SLA appartient au petit groupe de maladies où le système nerveux central et périphérique est atteint. La médiane de survie est, après les premières plaintes, de trois ans ; 20 % des patients vivent au-delà des cinq ans. Comme le célèbre physicien Stephen Hawking, qui a SLA depuis 1962. Van den Berg l'appelle une exception: «Les sous-types chez qui au départ seulement les motoneurones centraux sont touchés, comme la sclérose latérale primaire (PLS), la probabilité d'une progression plus lente est plus grande. Si le patient choisit d'être ventilé, la survie est aussi plus longue. »
La contrepartie de la PLS est l’atrophie musculaire progressive (PMA), chez qui au départ seulement les motoneurones périphériques sont touchés. « Ainsi chez certains patients avec la PMA on voit que que la maladie reste longtemps focale», dit Van den Berg.

Combien sont l'incidence et la prévalence ?

Van den Berg: 'Au Pays-Bas, il y a 500 nouveaux patients par an ; environ 3 sur 100 000. C'est semblable à la SP ; la prévalence est plus bas qu’en SP parce que les gens meurent assez vite. On compte actuellement environ 1500 patients dans notre pays. Le généraliste voit en moyenne un ou deux cas dans toute sa carrière ; le neurologue voit en moyenne un ou deux cas par an. A la consultation spéciale de notre clinique ambulatoire en maladies neuromusculaires nous voyons environ dix à quinze nouveaux patients par semaine soupçonnés de SLA. »

En quoi le diagnostic ?

SLA est un diagnostic clinique, basé sur l'anamnèse et l'examen neurologique du patient. Il n'y a aucun test à 100% sûr. Van den Berg: "environ 60 pour cent de nos nouveaux patients présentent la SLA, 40 pour cent ont une autre maladie, comme une hernie discale, une sténose focale par l'usure de la colonne vertébrale, une maladie musculaire ou, plus rare, la neuropathie motrice multifocale – une maladie traitable, lentement progressive et qui est très similaire à la SLA."
Il y a dix ans, il fallait seize mois entre les premières plaintes et le diagnostic définitif. Les patients trouvaient cette période d'incertitude trop longue. " A l'AMC et le Centre Médicale de l’Université d’Utrecht nous avons donc établi des cliniques spéciales où les patients peuvent venir dans les deux semaines, l’analyse prend toute une journée. Le temps entre les premiers symptômes et le diagnostic final est ainsi réduit à une moyenne de huit mois.

Que savons-nous sur le mécanisme de la maladie ?

Cinq pour cent des patients ont la forme familiale ('SLA familiale'). Van den Berg: « il s'agit d’une transmission autosomique dominante, donc 50 % des membres de la famille sont susceptible de contracter la maladie. » La SLA familiale est causée par une mutation dans un gène codant pour la protéine TDP-43. Mais il y a d'autres mutations dans d'autres gènes connues, avec le même effet : accumulations de TDP-43. Avec ces connaissances on a construit des modèles de la maladie : modèles animaux, mais aussi et surtout, modèles cellulaires. Van den Berg, explique: « nous pouvons enlever chez nos patients des fibroblastes et les transformer en cellules souches, et nous pouvons ensuite les transformer en neurones moteurs, bien sûr avec le génotype du patient. Puis nous pouvons faire de la recherche dans le laboratoire là-dessus. »
Les restants 95 pour cent des patients ont la forme SLA sporadique. Elle n'est pas causée par une anomalie génétique, mais probablement par différents facteurs de risque génétiques qui composent la chance d'obtenir quant à l’augmenter considérablement. Une étude de jumeaux unique et fraternelle a révélé que la contribution génétique de la SLA sporadique serait de 60 pour cent ; 40 % serait à cause de l'environnement.

Quels sont les facteurs de risque et les facteurs de protection (environnement) ?

Van den Berg: "nous savons que le tabagisme augmente un peu le risque; la consommation d'alcool semble offrir une protection. Les patients, avant qu'ils soient touchés, ont en moyenne moins de cardiopathies et un poids inférieur, mais aussi une alimentation plus riche en calories, avec plus de lipides dans leur nourriture. Possiblement un métabolisme différent joue un rôle. Ce que nous voyons c’est un risque légèrement accru chez les personnes qui font beaucoup de sport en temps libre, donc justement ces gens qui ont une mode de vie plus saine. Mais il est très difficile de déterminer la cause et l’effet. »

Le défi de seau à glace a donné beaucoup d'argent supplémentaire. Comment le dépenser ?

Van den Berg tient, tout particulièrement, à savoir si la SLA est une seule maladie. ' En SLA familiale nous voyons dix à quinze différents gènes qui donnent le même tableau clinique, alors peut-être il y a des mécanismes différents de la maladie en jeu. Dans la forme sporadique, qui est moins rare, c’est encore plus compliqué, à cause des interactions gène-environnement. Possiblement la maladie SLA est hétérogène ; pour savoir ceci nous explorons l'ADN en détail de 15 000 patients SLA et de 7500 personnes de contrôle dans une étude internationale à grande échelle. »
Il est également important d'intéresser les sociétés de biotechnologie et de l’industrie, dit Van den Berg, «pour développer et tester un médicament ou peut-être même une thérapie génique chez des patients. » En juin, la plateforme TRICALS (Treatment Research Institute for the Cure of ALS’) a été établie. Une organisation internationale qui relie les gens atteints de SLA avec des centres dans les hôpitaux académiques et l'industrie pharmaceutique. Les patients qui s'inscrivent à TRICALS obtiennent des informations sur les essais de futurs médicaments auxquels ils peuvent participer. « L’espoir de trouver un traitement est plus réel que jamais », dit le neurologue d’Utrecht.

 

LE DEFI DU SEAU À GLACE ( ICE BUCKET CHALLENGE)

Ce qui est maintenant connu comme le défi de seau à glace a commencé ce printemps aux Etats-Unis, quand un patient SLA a décidé de créer « conscience » de sa maladie et a appelé d'autres à faire de même. Au début du mois d'août le premier Néerlandais a été invité à se joindre, et ce qui suit est connu. Aux États-Unis, plus de 94 millions de dollars ont été collectés en quelques mois, aux Pays-Bas on a dépassé la barrière de 1 million d'euros à la fin de la semaine dernière. Les fonds seront versés à la recherche scientifique, dans le but de faire de la SLA une maladie traitable ou chronique. Aux Pays-Bas la ‘Stichting ALS Nederland’ espère que les nouveaux donneurs convertiront leur don en don régulière.

 

Source : Medisch Contact

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