Bruxelles dit NON au clivage linguistique

Il est urgent de clamer que beaucoup de Bruxellois ne se reconnaissaient pas dans le modèle institutionnel actuel, basé sur la confrontation des Communautés, hérité des conflits linguistiques du siècle passé. Il est urgent de tout faire pour qu’un tel modèle ne sorte pas renforcé des compromis nocturnes à venir, lors des prochaines négociations institutionnelles. 

Les affrontements communautaires qui ont suivi les élections fédérales de 2007 ont été pénibles, médiocre, interminables. Ils ont abouti à faire chuter le gouvernement fédéral à un moment pourtant crucial pour notre économie, nos finances, nos populations défavorisées. Et au moment où la Belgique devait assumer la présidence de l’Europe. Ils risquent de recommencer dès le 14 juin prochain, lorsque, une fois passées les élections fédérales, les négociations « institutionnelles » vont reprendre à la vitesse supérieure.

Il est donc urgent de clamer que beaucoup de Bruxellois ne se reconnaissaient pas dans le modèle institutionnel actuel, basé sur la confrontation des Communautés, hérité des conflits linguistiques du siècle passé. Il est urgent de tout faire pour qu’un tel modèle ne sorte pas renforcé des compromis nocturnes à venir. 

En fait, la majorité des Bruxellois, dans tous les groupes linguistiques, souhaitent sortir du carcan linguistique. Plus de 50%, dans chacun des groupes linguistiques, souhaitent que les partis Bruxellois soient bilingues ou encore plus largement représentatifs (tableau 2). De 69 à 75% d’entre eux, selon les groupes linguistiques, souhaitent un enseignement primaire bilingue (tableau 3). Seuls 2% et 7% voient leur avenir dans un rattachement à la Flandre ou à la Wallonie respectivement1. Enfin, l’appartenance à une communauté de langue ne constitue le premier sentiment identitaire que pour très peu de Bruxellois, bien après la Belgique, la Région, et, pour les francophones, l’Europe (tableau 4).  Ces chiffres mettent en doute les thèses visant à créer une "nation francophone" qui intégrerait Bruxelles, ou une "nation flamande" qui digérerait notre ville. Au contraire, ils suggèrent que l'appartenance régionale constitue la base de la citoyenneté – et celle-ci doit donc constituer le socle légitime sur lequel fonder les politiques à Bruxelles.  

Tableau 2 : Préférences quant aux listes politiques2

     Groupe linguistique
  Souhaits
Néerlandais
Français
Bilingue français / néerlandais
Bilingue français / autre
Autre langue
  Liste francophone
13.7
46.9
29.0
37.6
33.3
  Liste néerlandophone
35.1
2.0
9.4
1.7
1.3
  Liste bilingue + Liste représentative de tous les groupes
51.2
51.1
61.6
60.8
65.4

Tableau 3 : Préférences quant à la langue de l’enseignement dans le primaire3

      Groupe linguistique
 Souhaits
Néerlandais
Français
Bilingue français / néerlandais
Bilingue français / autre
Autre langue
  Système actuel
40,8
28,2
23,7
32,6
36,7
  Enseignement plurilingue
59,2
71,4
75,4
65,9
62,3
  Une seule langue
-
0,4
0,9
1,4
1,1

Tableau 4 : Préférences quant au ‘sentiment d’appartenance’4

Néerlandophones
Francophones
1er choix
Pourcentage
1er choix
Pourcentage
Belge
38.2
Belge
45.8
Bruxellois
24.3
Bruxellois
21.5
Flamand
16.8
Européen
13.4
Européen
9.2
Francophone
8.2
Commune
5.8
International
3.6

En votant Pro Bruxsel, ou AM22, nous ferons un premier pas dans la bonne direction : exprimer le refus des Bruxellois de se faire enfermer de force dans le dualisme étriqué des communautaristes, entre « nation flamande » et « front francophone ». C’est l’objectif de cette campagne.

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1 Sondage présenté dans Le Soir et De Standaard, 24-25 mars 2007.

2
Rudi Janssens : Van Brussel Gesproken. Taalgebruik, taalverschuivingen et taalidentiteit in het Brussels Hooofdstedelijk Gewest (Taalbarometer II) : Busselse Thema’s 15, VUB press, 2007, p 141.

3
Rudi Janssens : Van Brussel Gesproken. Taalgebruik, taalverschuivingen et taalidentiteit in het Brussels Hooofdstedelijk Gewest (Taalbarometer II) : Busselse Thema’s 15, VUB press, 2007, p 82.

4 Rudi Janssens : Van Brussel Gesproken. Taalgebruik, taalverschuivingen et taalidentiteit in het Brussels Hooofdstedelijk Gewest (Taalbarometer II) : Busselse Thema’s 15, VUB press, 2007. pp 132-133.