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Le savoir, plutôt que la peur, pour contrer la radicalisation

Des chercheurs universitaires ont fondé l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent pour mieux comprendre ce phénomène et contribuer à le prévenir.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 03 AVRIL 15

Les attaques contre des militaires au Québec ou contre le Parlement du Canada, ou encore contre les journalistes français de Charlie Hebdo ont, au moins en partie, atteint leur but. La peur, cette mauvaise conseillère, s’est insinuée dans les esprits. La peur est aussi instrumentalisée par les partis politiques, dont certains ont un intérêt plus marqué que d’autres à souligner à grands traits les menaces à notre sécurité.

En se croisant par hasard sur un plateau de la chaîne d’information continue RDI, David Vachon et Sami Aoun, tous deux professeurs à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, et Stéphane Berthomet, chercheur associé au Centre interuniversitaire de recherche sur les relations internationales du Canada et du Québec (dont le directeur est David Vachon), évoquent l’idée de mettre en commun l’expertise de chercheurs observant le phénomène de la radicalisation sous des angles différents. Ils décident de présenter l’idée à d’autres chercheurs. Le 10 février 2015, l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent (OSR) est officiellement lancé et compte déjà plus d’une dizaine d’universitaires et de chercheurs.

Un phénomène à comprendre
Stéphane Leman Langlois, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en surveillance et en construction sociale du risque et directeur de l’Équipe de recherche sur le terrorisme et l’antiterrorisme à l’Université Laval, a participé à la création de l’Observatoire. Il juge très importante sa démarche multidisciplinaire. « La mise en commun d’expertises très diverses comme la criminologie, le terrorisme, la science politique, le droit ou la psychologie permettra de dresser un portrait beaucoup plus complet de la radicalisation violente, et donc de mieux la comprendre », avance-t-il.

L’Observatoire a trois objectifs principaux, explique David Vachon. D’abord, documenter le phénomène de radicalisation. Et si l’islam radical retient actuellement beaucoup l’attention présentement, l’Observatoire ne souhaite pas s’y limiter. « La radicalisation n’est pas réservée à l’islam, lance M. Vachon. Récemment, des groupes d’extrême-droite québécois, français et italiens se sont réunis à Montréal. Et la radicalisation d’un groupe peut entraîner celle d’un autre. Il faut étudier la radicalisation en tant que phénomène. »

L’observatoire aura aussi pour but de réfléchir aux meilleures politiques de prévention de ce problème. « La seule répression policière ou judiciaire ne suffira pas à endiguer la radicalisation, note le chercheur, évoquant au passage le projet de loi C-51 tant prisé par les Conservateurs. Il faut se demander quels rôles peuvent jouer, par exemple, les travailleurs sociaux, le milieu de l’enseignement, ou les collectivités. »

Les chercheurs de l’Observatoire entendent aussi contribuer au débat public, marqué récemment par plusieurs dérapages sur cette question. L’Observatoire étant indépendant et non-partisan, il pourra amener des éléments de réflexion issus de la recherche, plutôt que générés par la peur ou la manipulation politique. « Sur un sujet aussi sensible, il faut débattre de manière informée, en évitant les préjugés et la stigmatisation, conclut M. Vachon. Nos chercheurs n’hésiteront pas à le faire sur la place publique quand le besoin s’en fera sentir. »

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